L'économie nationale est devant la «nécessité d'un changement structurel de son modèle de croissance, dans le sens de plus de diversifications et de moins d'importations», préconise le Conseil national économique et social (CNES) dans son Rapport de Conjoncture au 1er semestre 2015. Selon le résumé d'une dizaine de pages, remis hier à la presse lors de la discussion du rapport à Djenane El Mithaq, le CNES a brossé un tableau de l'environnement économique international et les prévisions le concernant, ainsi qu'un tour d'horizon de la situation macro-économique nationale. Le CNES estime que l'Algérie devrait profiter de la «position appréciable» de ses «équilibres extérieurs» pour «contracter des prêts auprès des institutions internationales et des partenaires à des conditions avantageuses». «Cette position appréciable est enregistrée malgré les déficits enregistrés au niveau des soldes intermédiaires de la balance de paiements, notamment le compte courant (-13 milliards $), le compte capital (-1,22 milliards $) et le solde global (14,4 milliards $)», lit-on dans le document. Le rapport de conjoncture au 1er semestre 2015 se base sur un ensemble d'indicateurs pour constater que les «prévisions» de «reprise du marché mondial des hydrocarbures» demeurent «fort pessimistes» et que par conséquent «les recettes des hydrocarbures ne connaîtront probablement pas d'améliorations substantielles». Le CNES fait référence au FMI qui «prévoit un déficit de la balance commerciale qui devrait dépasser les 16 milliards $ à fin 2015, tandis que celui de la balance des paiements pourrait atteindre les 30 milliards $ (services et transferts de dividendes des sociétés étrangères )». Dans cette «conjoncture pétrolière défavorable», le CNES estime que les prévisions «les plus pessimistes» tablent sur des exportations de l'ordre de 30 milliards $ à fin 2015, «tandis que les importations de biens pourraient atteindre un volume de l'ordre de 55 milliards $ impactant vraisemblablement les réserves de change qui devraient s'éroder d'au moins 20 milliards $». EXTINCTION DU FRR «FORTEMENT PLAUSIBLE» Evoquant plusieurs éléments financiers (fiscalité, endettement de l'Etat ), le Conseil national économique et social évoque «la possibilité d'une baisse du solde du Fonds de régulation des recettes (FRR) en deçà de son seuil minimal réglementaire» et considère que «son extinction est fortement plausible». Cette prévision, le CNES l'a tirée d'un constat de «forte baisse de la fiscalité pétrolière recouvrée (-33%), des disponibilités fortement diminuées du FRR (zéro de plus-value fiscale en juin 2015), un niveau de prélèvement du FRR de 967 milliards de DA à cette date, un creusement du déficit du Trésor significatif (+53% par rapport à juin 2014) et une tendance à la hausse du niveau d'endettement de l'Etat (plus de 844 milliards de DA à juin 2015)». Le creusement du déficit public est «pour beaucoup» dû à «l'importance des dépenses publiques» dont «le niveau a dépassé les 3807 milliards de DA à fin juin 2015», note le CNES. SITUATION MONETAIRE Selon le CNES, la situation monétaire de l'Algérie «manifeste une certaine stabilité en adaptation avec les tendances nouvelles de l'économie». Ces «tendances nouvelles» se résument par : la «légère contraction de la liquidité bancaire (626 milliards de DA), accompagnée d'un faible niveau des reprises globales des liquidités monétaires durant cette période (-50%)». Le rapport s'attend, en conséquence, à «une politique monétaire plus active ( ) devant cette situation de contraction monétaire généralisée». Dans le chapitre du financement de l'économie, «le niveau des crédits à l'économie» est jugé «appréciable» avec «+27% par rapport à juin 2014» grâce à «l'amélioration des crédits au secteur privé (+14,4%), mais aussi au secteur public (+31%)». Le CNES constate aussi que «les crédits aux ménages demeurent encore à des niveaux modestes, enregistrant une augmentation en valeur courante de 34 milliards de DA seulement par rapport à fin 2014 (+8%)». LE BTP MOTEUR DE CROISSANCE ET HAUSSE DU CHOMAGE Citant des chiffres du ministère des Finances, le document du CNES fait état d'une «croissance au premier semestre 2015 à 3%, et 4% hors hydrocarbures». Il est précisé que les secteurs des «services marchands» et du «BTP» sont «les principaux moteurs de la croissance économique, alors que le secteur public industriel semble afficher un début de redressement qu'il y a lieu de suivre», ajoute le CNES dont le rapport compile une série de données sur les différents secteurs économiques, la rentrée sociale, scolaire et universitaire, ainsi que les montants des transferts sociaux. «Pour le 1er semestre 2015, le taux de chômage devrait se situer au-dessus du niveau de septembre 2014, (soit) 10,6%», note le document du CNES qui rappelle les prévisions du FMI qui «avancent le chiffre de 10,8% en 2015, et 11,3% en 2016». En matière de promotion de l'emploi, le CNES affirme que «durant les cinq premiers mois de 2015, plus de 1,74 milliard de DA de crédits» octroyés «aux jeunes promoteurs sous forme de prêts non rémunérés (PNR)» accordés dans le cadre de l'ANSEJ. Il estime le montant des PNR remboursés à «près de 17 milliards de DA, soit un taux de remboursement de 65%». Le CNES conclut son rapport en considérant que «l'économie algérienne fait face à une situation difficile» qui rappelle «la nécessité d'une mutation structurelle vers plus de diversification et de durabilité et donc moins de vulnérabilité aux chocs exogènes». Le rapport estime qu'il reste «trois ans», «grâce au FRR et aux réserves de change», pour entamer «un virage vertueux vers un modèle de croissance plus résilient et durable».