A l'initiative du FLN de création d'un « front national de soutien » au président de la République et à son programme dans laquelle elle ne voit que tentation grossière d'un retour au parti et à la pensée unique et manœuvre de débauchage ayant visé ses rangs, l'opposition réunie dans l'instance de concertation et de suivi (ICSO) va répondre par la tenue d'un congrès qui regroupera outre ses membres actuels, tous les partis et personnalités s'opposant au régime qui voudront y être associés. C'est ce qu'elle a convenu lors de sa réunion de mercredi et rendu public dans le communiqué qui a sanctionné celle-ci. Par la tenue d'un congrès et non plus d'une conférence comme cela a été le cas à Mazafran en 2014, elle entend à l'évidence démontrer que l'unité qu'elle a affichée en celle-ci n'a pas été que circonstancielle mais s'inscrivant dans la durée et de ce fait rend possible l'adoption d'un programme commun auquel souscriront tous les participants aux assises. L'objectif est-il à la portée d'une opposition dont les formations et personnalités qui s'en réclament appartiennent à des courants idéologiques qui ne prêtent à aucune convergence quant aux visions qu'ils véhiculent sur ce que doit être l'Algérie et le projet sociétal dont ils se proposent de la doter ? Le scepticisme est ambiant incontestablement car nombreux sont ceux qui doutent que hormis de vouloir le départ du régime en place, un congrès de cette opposition puisse déboucher sur plus qu'une réitération par ses participants aux horizons doctrinaux pour certains irréconciliables de la revendication d'un changement du régime. Sur cette même revendication qu'ils partagent pleinement les partis et personnalités agrégés dans la CNLTD ou dans l'ICSO ont montré qu'ils ne parviennent pas à s'entendre sur le mode opératoire à suivre pour aller à sa concrétisation. Qu'en sera-t-il alors si leur concertation s'élargit à des discussions sur un programme commun dans lequel chacun voudra inévitablement qu'il tienne compte de sa propre vision et nature de projet politique ? En lançant son initiative d'un congrès de l'opposition, l'instance de concertation et de suivi (ICSO) peut apparaître motivée par le même calcul politicien que celui qui a conduit le secrétaire général du FLN à formuler la sienne, à savoir dans les deux cas la constitution d'un pôle partisan installant l'illusion, par le nombre de ses affiliés, d'une unité et d'une entente entre eux faisant pièce au projet de l'adversaire vis-à-vis. Saadani a échoué à amalgamer à son « front de soutien » des formations qui sont comme son parti dans la mouvance présidentielle et à coloration doctrinale similaire mais n'ont pas voulu s'y intégrer car le soupçonnant de poursuivre avec son initiative des buts qu'ils ne peuvent cautionner et encore moins travailler à leur réussite. Il risque d'en aller de même pour l'initiative de l'ICSO qui a pour ambition de réunir autour d'un programme commun des acteurs politiques qui au-delà de leur commune opposition au pouvoir en place sont en divergence sur les fondamentaux dont chacun exige qu'il en soit tenu compte dans le projet. Il y a qu'incontestablement l'opposition algérienne fait l'effort auquel elle s'est refusée depuis l'instauration du multipartisme d'essayer de dépasser ses querelles de chapelle et a priori partisans. Preuve en est qu'elle accède à la maturité et à la responsabilité en politique.