La rencontre des membres de l'Icso se veut une occasion pour définir une nouvelle feuille de route "consensuelle" de l'opposition. Une année, presque jour pour jour, après la conférence "historique" tenue le 10 juin 2014 à Mazafran (Zéralda), les membres de l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (Icso), issue des recommandations de cette conférence, se sont retrouvés, hier, au siège du MSP, à Alger, pour débattre de la situation politique du pays. Au sein de l'Icso, la couleur politique est reléguée au second plan. Démocrates, laïcs, islamistes, réformateurs et autres "nationalistes" accordent tous leurs violons pour descendre en flammes les tenants du pouvoir. Ces décideurs, regrettent-ils, dont les pratiques étroitement liées à leurs intérêts personnels, sont en train de mener le pays droit "vers l'impasse, vers la catastrophe". Dans leurs discours inauguraux respectifs, les chefs de parti de la Coordination pour les libertés et la transition démocratiques (CLTD), soit RCD, Jil Jadid, MSP, FJD et Ennahda, les anciens chefs de gouvernement Ahmed Benbitour et Ali Benflis, le président du parti non agréé UDS, Karim Tabbou, le président de la Laddh, Salah Dabbouz, (en présence d'Ali Yahia Abdenour), ou encore les anciens responsables du FIS-dissous, Ali Djeddi et Kamel Guemazi, pour ne citer que ceux-là, ont dressé un tableau noir de la situation socioéconomique et politique du pays sous le règne d'un régime "opaque" qui refuse toute initiative de changement. Encore moins la transition démocratique à laquelle appelle l'opposition. La rencontre des membres de l'Icso se veut ainsi une occasion pour définir une nouvelle feuille de route "consensuelle" de l'opposition, qui sera traduite dans les mois à venir par des actions concrètes en vue de précipiter la fin du système en place et par là même engager un processus de transition démocratique. L'opposition affiche désormais une volonté jamais égalée. Pour elle, du moins dans le discours, tous les moyens sont bons à prendre pour en finir avec le régime en place et recouvrer la souveraineté du peuple algérien, "spoliée depuis 1962". C'est en ce sens que Mohcine Belabas suggère, entre autres, l'organisation d'une marche populaire le 5 octobre prochain pour dénoncer l'atteinte aux libertés individuelles et collectives et les problèmes sociaux qui pèsent sur le quotidien des Algériens. Pour lui, il est aujourd'hui du devoir des leaders politiques de l'opposition de monter au créneau et d'être à l'avant-garde de la société. Une proposition à laquelle adhère Abderezzak Makri, lui qui n'exclut pas que le peuple recourt très prochainement à la rue. "L'éventualité de voir le peuple recourir à la rue n'est pas écartée", a-t-il prévenu. Pour concrétiser le vœu cher à l'opposition, à savoir la transition démocratique, les membres de l'Icso insistent à l'unisson sur la nécessité de sensibiliser le peuple algérien, notamment les jeunes et les femmes, pour porter le projet et affaiblir, du coup, le système en place. Un système, dénoncent-ils, qui prépare "en catimini" la succession à Bouteflika pour se pérenniser. Pour Ali Benflis, "la succession héréditaire du pouvoir ne se limite pas au cadre familial ; elle s'élargit et peut couvrir la transmission cooptée du pouvoir". "L'opposition nationale revendique une transition et le régime en place lui répond par la cooptation", a-t-il ajouté, allusion au dernier congrès du parti du pouvoir, le FLN, dont la velléité est de préparer l'héritage du pouvoir. Même son de cloche chez Karim Tabbou qui avertit sur la préparation d'une élection présidentielle anticipée "en cercle fermé". Pour sa part, Soufiane Djillali a focalisé son discours sur la nécessité de renforcer la cohésion des partis de l'opposition pour, souligne-t-il, "faire face aux tentatives du pouvoir de nous diviser". L'ancien responsable du FIS-dissous, Ali Djeddi, n'a pas manqué à l'occasion de rappeler à certains membres de l'Icso, notamment les élus de l'Alliance verte siégeant à l'APN, de commencer par se retirer de toutes les institutions. Après les discours prononcés devant la presse, les membres de l'Icso ont prévu de poursuivre leurs travaux à "huis clos" durant l'après-midi d'hier. Au menu, deux ateliers : l'un pour débattre des problèmes socioéconomiques du pays, l'autre pour se concerter sur les moyens de lutte à adopter pour provoquer le démantèlement du système politique. La feuille de route de l'Icso découlera des travaux de ces deux ateliers. Initialement, l'Icso devait organiser un "grand congrès de l'opposition". Le report de ce congrès s'expliquerait, entre autres, par la volonté des membres de l'Icso d'élargir leur action vers d'autres formations et personnalités politiques auxquelles l'appel a été réitéré hier. Le congrès de l'opposition interviendra probablement vers la prochaine rentrée sociale. F.A