Une vue d'une réunion du Cnltd Bâties sur un consensus plutôt partiel, la Cnltd et l'Icso peinent à formuler une alternative mobilisatrice. A l'issue d'une réunion de l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (Icso) tenue jeudi au siège du parti islamiste Ennahda, les partis et les personnalités membres de cette instance politique hétérogène ont vivement critiqué le pouvoir qui, selon eux, «s'entête toujours à fermer le champ politique et à réprimer les libertés individuelles et collectives». En effet, constatant une crise qui va en s'amplifiant à cause notamment du statu quo qui prévaut sur la scène politique et du vide institutionnel en vigueur «ils ont réitéré leur engagement à oeuvrer résolument, avec responsabilité et rigueur, jusqu'à faire aboutir la plate-forme de Mazafran». «L'Icso réitère son engagement à continuer à militer pour la concrétisation de la plate-forme de Mazafran dont l'objectif est d'aller vers une transition démocratique à même de restituer au peuple sa souveraineté», a-t-on écrit dans le communiqué ayant sanctionné leur réunion. On apprend de la même source que pour donner de l'épaisseur à cette démarche, l'Icso a annoncé la tenue d'une réunion fermée le 6 juin au siège du Mouvement de la société pour la paix (MSP), selon des sources internes de l'opposition, «cette réunion va s'atteler à préparer le congrès de l'opposition». Pourquoi un congrès de l'opposition? A quoi un congrès peut servir? Lancée en 2011 par Djamel Zénati, ex-parlementaire du FFS, cette idée a été justifiée par ce dernier, disant que «c'est une nécessité, car la forte disposition de la population risque de se perdre dans la mauvaise image que renvoient la dispersion et les tiraillements des forces politiques». Depuis, la situation a un peu évolué et les remous qui ont agité à ce moment-là la société dans tous les sens se sont relativement apaisés, mais l'opposition ne fait que redoubler d'initiatives pour maintenir la mobilisation populaire et faire aboutir son projet «de transition démocratique» autour duquel elle a réussi à fédérer quelques partis, dans le cadre de la Cnldt et de l'Icso. Il ne s'agit donc plus pour l'opposition, comme l'a dit Djamel Zénati, de répondre à une attente citoyenne, mais de susciter un intérêt pour son projet parmi les citoyens et de les mobiliser ensuite autour, ce qui est une bien rude tâche. Comment donc l'Icso compte-t-elle s'y prendre? Organiser un congrès, ce qui est l'équivalent de la réunion des états-majors des partis et de quelques segments de leurs bases militantes respectives, pour débattre de certaines questions et prendre des positions communes sur des sujets idéologiquement neutres, est-il suffisant pour convaincre les Algériens très sceptiques quant à la politique du reste, de la teneur et du bon sens de leur démarche? Réunir des partis et des personnalités dans une même salle et autour d'un même mot d'ordre constitue-t-il un exploit politique pour l'Icso? Organiser un congrès de l'opposition est-il une fin en soi? Décidément, dans un pays où la notion de dialogue fait défaut aussi bien au sein de la société qu'au niveau des plus grandes entités politiques du pays, y compris chez les militants et les partis qui appartiennent aux mêmes courants idéologiques, une rencontre aussi simple, soit-elle autour d'un café, fait office d'une grande victoire politique. Mais des politiques responsables doivent sans doute aller plus loin que des opérations de marketing politique, l'élégance d'une position n'en faisant pas forcément un choix pertinent. La rencontre de Mazafran à laquelle ont participé l'ensemble des partis politiques et les personnalités nationales se réclamant de l'opposition a été vécue comme «un moment historique» et a même été comparée par certains «au 1er Novembre». Pourtant, presque une année après, la plate-forme qui en est sortie peine à se socialiser et les acteurs politiques en charge de sa promotion se vautrent toujours dans des rencontres isolées et autres débats sans grande prise sur la société. Alors, l'opposition qui s'attelle depuis quelques semaines à mettre en place les conditions de l'organisation d'un congrès de l'opposition, va-t-elle rééditer le scénario de Mazafran? Tout porte à le croire car en vertu des divergences idéologiques irréconciliables qui caractérisent les partis et personnalités membres de l'Icso et de la Cnltd, il est fort peu probable de voir ces deux entités se regrouper autour d'un seul candidat à l'élection présidentielle pour présenter des listes communes aux législatives et aux communales qui arrivent. Une telle démarche ne cadre d'ailleurs pas avec leurs choix politiques qui s'inscrivent foncièrement dans une logique de rupture avec tous les agendas du pouvoir. Le seul choix véritable qui ne risque pas d'attenter à la cohérence de la démarche de l'opposition est de boycotter toutes les élections qui viennent et de démissionner de toutes les assemblées élues. Une rupture de ce genre est-elle envisageable? Rien n'est moins sûr, notamment parmi les islamistes qui, eux, ont déjà annoncé l'ouverture d'un processus de dialogue avec le pouvoir.