Tout comme 2014, 2015 s'en ira, dans quelques heures encore, sans retour, rejoignant le cimetière sans épitaphes des années mortes au combat. 2015 a été l'année de trop pour certains, l'année de la retraite forcée pour d'autres et celle de la déception pour la majorité des Algériens. Une désillusion par anticipation puisque la loi de finances 2016 a été votée par des manchots. Alors que l'année est à l'agonie, les Algériens, debout sur la pointe de leurs semelles, lorgnent déjà vers le futur, loin de trois jours où tout sera cher. Le carburant et la vignette auto, pour nous faire passer l'envie de tuer le temps et le climat au volant. L'électricité, pour ne plus voir clair et Internet pour ne plus surfer sur la liberté d'expression, enfin quand le débit de A.T. ne joue pas à l'escargot. Les produits de consommation et leurs dérivés seront augmentés parce que le carburant est plus cher, les taxis et les bus, idem. Tout sera plus cher parce qu'on a décidé en haut lieu qu'à défaut de demander des comptes aux responsables incompétents, on préfère se défausser sur le petit peuple. Et c'est moi, toi, l'employé du bureau, le revendeur ambulant, la femme de ménage et le salarié chez Sellal et Benkhalfa qui devrons payer la note parce qu'ils n'ont pas vu venir le coup. Ils n'ont pas anticipé sur la crise avec toute leur science et leurs avantages mirobolants. On aura les coupes budgétaires promises dans l'article 71 et la vente de nos fleurons industriels au dinar symbolique pour le pote du bistrot. Cette année a été aussi celle de la fin des mythes utiles et usurpés. Toufik est tombé et le DRS a été traîné devant la justice. On a vu l'émergence d'extra-terrestres et de ventriloques en politique. On a entendu, pour la première fois, des mots comme oligarchie ou encore harki revenu à la mode. On n'a plus reparlé de Ghardaïa mais beaucoup de Saadani et de Ouyahia, de Merzag aussi, de nouveaux ministres de la République, venus en service commandé. On a énormément évoqué Bouteflika ou plutôt son incapacité à assurer son mandat. On a parlé révision de la Constitution, mais jamais de la dissolution du Parlement. L'allocation touristique est restée la même, avilissante et dégradante. On a instruit des procès et condamné des lampistes, comme toujours. Le pétrole continue de broyer du noir et nos responsables de compter leurs sous et d'envoyer leur livret de famille acquérir des biens en France et ailleurs. Ailleurs, Daech a fait fort en diabolisant à lui seul une religion. Poutine a décidé de ne plus rire et d'envoyer ses avions en Syrie. L'Arabie saoudite est en train d'enrôler des Arabes, chaire à canon pour faire la guerre à Daech, propriété privée des Américains et des monarchies pétrolières. La Mecque est devenue un grand cimetière à ciel ouvert et les flics américains sont toujours aussi racistes qu'en 2014 si ce n'est plus. Sinon, bonne et heureuse année à tous et que 2016 ne soit pas aussi pénible sur nos cœurs que sa sœur.