Des dizaines de familles sinistrées, qui ont élu domicile dans le bidonville communément appelé «La foire», mitoyen à la cité Amel, dans le chef-lieu, ont pris d'assaut hier, jour de réception, le siège de la daïra pour exposer leurs doléances. En fait, elles ont été saisies, l'avant-veille, par un huissier de justice pour évacuer les lieux. Le bidonville en question s'est installé sur une superficie qui abritait les ex-Galeries, cédée par la suite à un particulier. Ce dernier aurait engagé une procédure judiciaire afin de pouvoir récupérer son bien. Les contestataires ont revendiqué des garanties pour leur relogement avant d'évacuer les lieux. Il importe de noter que 108 familles sont répertoriées dans ce regroupement de masures construites en parpaing et de la tôle ondulée à l'intérieur des ex-Galeries, situé en plein cœur de la commune d'Aïn El-Turck, où un incendie s'est déclaré en 2005. Au début de l'année 2009, il a été recensé quatre baraques illicitement construites sur ce domaine privé. Au fil du temps, le bidonville a grossi et des dizaines d'autres masures sont venues s'y ajouter. Les habitants de la cité Amel communément appelée 350 logements, mitoyenne à ce bidonville, ont, à maintes reprises, dénoncé les agissements frauduleux de certains indus occupants, qu'ils accusent d'être à l'origine de la dégradation du cadre de vie et de l'environnement de leur lieu de résidence. Une évacuation a été opérée par voie de justice vers la fin de l'année 2009 mais d'autres familles sont revenues s'y installer. Selon des sources concordantes, de véritables réseaux se sont constitués entre-temps pour imposer leur diktat en termes de vente de baraques notamment et/ou de lopins d'espace destinés à la construction, une activité illicite, assez fructueuse, semble-t-il. Nos interlocuteurs ont fait remarquer à ce propos au Quotidien d'Oran que «des personnes au louche acabit, suspectées de s'adonner à certains trafics, occupent des baraques à l'intérieur de ce bidonville. Les forces de sécurité ont d'ailleurs, à plusieurs reprises, opéré des interventions dans ces lieux pour procéder à des arrestations. Nous ne sommes pas contre les quelques familles sinistrées, victimes d'un malheureux concours de circonstances, qui ont atterri dans ce bidonville», avant de renchérir : «Nous dénonçons surtout le climat malsain engendré par ce bidonville sur le cadre de vie dans notre lieu de résidence mitoyen. De nos balcons, nous assistons souvent à des rixes avec armes blanches entre indus occupants de ce regroupement de baraques». Des remarques similaires ont été également formulées par des riverains de la localité de Clairefontaine, sur le territoire de la commune d'Aïn El-Turck, au sujet d'un autre bidonville, encore plus ancien et beaucoup plus important, qui s'étend sur une zone surplombant la plage baptisée du même nom. «Nous avons goûté à des vertes et des pas mûres avec ces indus occupants de masures», ont confié des riverains dont les maisons sont mitoyennes au bidonville de Clairefontaine. Notons dans cette optique que le phénomène de la bidonvilisation a pris des proportions démesurées ces dernières années et s'étend insidieusement, au vu et au su de tout un chacun, sur les plages de cette daïra, qui aspire, comble de l'ironie, à promouvoir le tourisme, l'un des poumons économiques du pays.