Abdelmadjid Attar, l'ancien ministre de l'Energie et ex-PDG de Sonatrach, sait en principe de quoi il parle quand il évoque les questions énergétiques. En principe, puisque, commentant la chute continue des prix du pétrole, il considère qu'ils ont atteint leur seuil plancher et devront, par conséquent, se stabiliser autour de 30 ou 35 dollars le baril. Il exclut par contre tout retour aux prix d'avant la crise. Un discours se voulant rassurant devant l'effondrement du baril qui est passé, le 12 janvier dernier, sous la barre symbolique des 30 dollars, une première dans la mercuriale de l'or noir depuis décembre 2003. Un discours pour une consommation locale, histoire d'apaiser les Algériens qui ont commencé, malgré eux, à s'intéresser de plus près aux bourses pétrolières. Le retour en grâce du pétrole iranien et l'incapacité chronique de l'Opep à réguler le marché en présence d'une Arabie Saoudite omnipotente devront précipiter les prix vers le bas malgré les assurances de Attar qui contrastent avec les prévisions des trois grandes banques d'investissement, Morgan Stanley, Goldman Sachs et Citigroup, rapportées par The Wall Street Journal, et qui s'attendent à voir bientôt les cours tendre vers 20 dollars. En cause, le ralentissement de l'économie chinoise, l'appréciation du dollar et l'offre et la demande. Plus pessimistes encore, les économistes de la Royal Bank of Scotland estiment que «le pétrole pourrait chuter à 16 dollars le baril», publie le quotidien anglais The Guardian. Des informations qui font craindre des lendemains incertains pour l'Algérie qui, rappelons-le encore une fois, a établi son budget sur un baril de référence à 37 dollars. Dans son intervention, si l'ancien ministre n'a plus confiance dans la capacité de l'Opep à trouver une parade à la chute des prix, il estime que le pétrole, contrairement au gaz, va perdre de son influence à cause des énergies de substitution. Il propose une sortie de crise pour l'Algérie à travers l'utilisation des recettes de change du pays ou recourir à l'endettement intérieur et extérieur «pour mener à bien des projets en ce sens». L'autre direction qu'il montre est celle des nouvelles énergies vis-à-vis desquelles «nous avons pris un énorme retard». Par énergie renouvelable, Attar entend le gaz de schiste, avec des réserves estimées à 20.000 milliards de m3, dont il est l'un des défenseurs, dossier qui a fait couler beaucoup d'encre en Algérie et qui a mobilisé les populations du Sud inquiètes des retombées environnementales de ce procédé d'extraction.