Le ralentissement de l'économie mondiale et la débâcle des marchés financiers ont fait lourdement chuter le prix du pétrole.Les cours du brut ont certes pris trois dollars hier en début d'échanges européens, suite aux plans d'action décidés par les gouvernements et les grands argentiers de la planète, pour rétablir la confiance sur les marchés, mais la permanence de perturbations sur le front financier, qui persiste, pourrait continuer à peser sur le baril. Vers 10H00 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre s'échangeait à 77,11 dollars, prenant 3,02 dollars par rapport à son cours de clôture de jeudi soir.A la même heure, le baril de light sweet crude pour la même échéance valait 80,87 dollars, gagnant 3,17 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Vendredi, le pétrole s'était écroulé sous 80 dollars le baril à New York et a touché 75 dollars à Londres.Depuis les records historiques du 11 juillet à plus de 147 dollars, l'or noir a abandonné près de la moitié (49%) de sa valeur. De l'Europe à l'Australie, les dirigeants politiques ont passé le week-end à élaborer des plans de sauvetage destinés à renflouer leurs banques, tentant d'enrayer la crise qui sévit sur les marchés. Cependant, ces plans ne sont pas venus a bout des inquiétudes des marchés sur la demande d'or noir face au risque de récession engendré par la crise financière et boursière. "A moins d'un changement radical de situation, le risque de liquidation dans les matières premières demeure" commentait Olivier Jakob de Petromatrix, pointant les déboires de la banque Morgan Stanley, un des premiers acteurs sur ce marché. "Même Goldman Sachs (qui croyait en une tendance haussière et avait anticipé le passage des 100 dollars) met le baril de light sweet crude à 70 dollars avant la fin de l'année, avec une possibilité de le voir tomber à 50 dollars", ajoutait l'analyste.En effet, Goldman Sachs, l'un des principaux opérateurs sur le marché des matières premières à Wall Street, a revu ses objectifs à la baisse, prévoyant même la chute du baril de brut sous les 50 dollars si la crise s'approfondit. Un rapport du groupe daté d'hier indique que "la profondeur et la durée de la crise financière mondiale" ont été sous-estimées et par là même "ses implications (…) sur les matières premières". La détérioration de l'économie n'arrangeant rien à cela, les objectifs de Goldman de cours sur le brut passent de 115 à 70 dollars le baril pour la fin de cette année, et à 86 dollars pour 2009. L'effondrement des marchés boursiers mondiaux fait craindre une dégradation des perspectives de croissance économique et dès lors des prévisions de demande d'énergie. De son côté le président de l'Opep et ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a estimé que l'Opep allait étudier lors de cette réunion "les mesures à prendre pour faire face surtout à la situation du marché pétrolier au cours des six prochains mois, à la lumière de la détérioration de la situation financière dans le monde". Plus explicite, le représentant iranien au sein de l'Opep, M. Mohammad Ali Khatibi, a estimé que l'Organisation devrait décider le 18 novembre à Vienne lors d'une réunion extraordinaire de réduire sa production en raison de la baisse actuelle des cours. "L'Opep va probablement chercher à réduire sa production lors de sa réunion de novembre de manière à équilibrer l'offre et la demande", a indiqué M. Khatibi, cité par le site internet de la télévision officielle iranienne.