Il était attendu qu'après avoir pris connaissance du contenu de l'avant-projet de Constitution dévoilé le 5 janvier par le directeur du cabinet présidentiel, les partis et personnalités politiques membres de l'instance de suivi et de concertation de l'opposition (ISCO) qui en prônaient par avance le rejet s'empresseraient d'organiser une réunion de leur instance à l'issue de laquelle il en sortirait leur réponse unitaire et solidaire au projet du pouvoir. Il n'y a par conséquent rien d'étonnant que l'annonce du report de la réunion de cette instance de l'opposition prévue pour samedi dernier suscite des interrogations et des spéculations. Selon le secrétaire général du mouvement Islah, Filali Ghouini, dont le siège du parti devait abriter la rencontre, ce qui s'est «colporté» sur les raisons du report n'aurait aucun fondement et que seule l'indisponibilité pour cause d'agenda de partis et personnalités politiques membres de l'ISCO en a dicté la décision. Il y a pourtant le fait indubitable qu'un flottement est apparu dans les rangs de cette opposition suite au dévoilement de l'avant-projet de révision de la Constitution. Au lieu d'une réplique commune et immédiate de sa part à cet avant-projet et à son contenu, l'on a eu droit à des réactions venant de ses rangs en ordre dispersé qui ont attesté que les rejets qu'ils ont formulés comportent des nuances qui sont l'indice que leurs auteurs n'ont pas la même vision de ce qu'il y a à changer ou à introduire dans une nouvelle Constitution (projet auquel ils se déclarent tous acquis mais pas avec la démarche choisie par le pouvoir). Comment expliquer autrement que la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) si prompte à se positionner contre les initiatives du pouvoir n'ait pas encore consacré une réunion de ses membres pour une concertation sur leur réplique collective à la mise en branle par ce pouvoir du processus de révision, sinon qu'il a été jugé par ces derniers qu'un débat entre eux sur le contenu de l'avant-projet présidentiel risque de mettre à mal leur alliance dont le ciment se limite à leur commune détestation du régime en place. L'ISCO ou la CNLTD se doivent de dissiper le doute que l'opposition du fait qu'elle est disparate ne peut produire une alternative au projet de révision constitutionnelle du pouvoir. Atelier dont le président de Jil Jadid, Sofiane Djilali, leur en a instamment préconisé l'ouverture. Que les citoyens soient nombreux à avoir trouvé conséquent que l'opposition se positionne contre un projet de révision venant d'un pouvoir dont elle conteste la légitimité et rejette les initiatives, ils n'en sont pas moins tout autant à en attendre qu'elle leur fasse connaître le contre-projet constitutionnel qu'elle pourrait proposer à la nation au cas où l'évolution de son rapport de force avec le pouvoir en ferait une force partie prenante aux changements qu'impose la situation du pays.