Jamais tambours de guerre n'ont été aussi assourdissants aux portes de l'Algérie, venant de ses frontières Est, que ces derniers jours. Une coalition militaire internationale forte de 6.000 soldats, dont des forces spéciales britanniques, des Marines américains, des soldats français et probablement des troupes arabes, menée par l'Italie, est sur le pied de guerre pour intervenir dans un premier temps dans le ciel libyen pour bombarder les hommes d'El Baghdadi qui menacent de plus en plus les terminaux pétroliers. Si dans un passé pas très éloigné, Rome, surtout, avait évoqué une action militaire terrestre contre les jihadistes de Daech en renfort aux Egyptiens, la menace directe des champs pétroliers a fait réagir l'Europe et Washington qui ont décidé d'abattre leur atout militaire pour empêcher Daech d'élargir les territoires qu'il contrôle et de financer ses opérations, faisant allusion aux puits de pétrole près de Ras Lanouf. Ce branle-bas de combat sonne comme la quintessence d'une realpolitik qui ne laisse place à aucun sentimentalisme. Cette menace directe sur le pétrole libyen est considérée comme plus sérieuse que l'arrivée même des treillis en noir jusqu'à Syrte, pointe extrême donnant directement en Italie. Même Londres qui avait pourtant reconnu les efforts d'Alger dans la recherche d'une solution dans le dialogue inter-libyen, estimant, par la voix de son secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et du Commonwealth, Philip Hammond, qu'une intervention militaire en Libye ne peut être «la solution idoine», a changé de cap prévoyant d'envoyer plus de 1.000 soldats pour participer à cette coalition. Obama, lui-même, a officialisé l'envoi de ses troupes en Libye en indiquant que son pays ne se limitera pas à l'Irak et la Syrie dans son combat contre l'EI mais qu'il le traquera jusqu'en Libye. Cette intervention militaire devra certainement sonner le glas d'un gouvernement d'unité nationale dirigé par Fayez al-Sarraj, même si sa composition sous l'égide onusienne a été refusée par le Parlement libyen contrôlé par les milices islamistes. La guerre contre Daech est imminente et les avions de la coalition sont déjà sur piste attendant être appelés officiellement par le gouvernement libyen à participer à la lutte contre Daech. Un détail dans la logique guerrière de l'Otan et une nécessité de survie pour un gouvernement qui avait déjà donné aux Arabes son feu vert pour bombarder son territoire. Ce nouvel épisode de la guerre contre le terrorisme international pourrait être l'occasion, si le combat au sol s'engageait, de voir la future armée interarabe sunnite, commandée par l'Arabie Saoudite, participer à ses premières batailles.