Les enseignants contractuels reviennent à la charge en se rassemblant près de l'annexe du ministère de l'Education à Ruisseau (Alger), pour réclamer les salaires impayés pour certains et une intégration d'office pour les contractuels ayant de l'expérience. Près d'une quarantaine d'enseignants venus des quatre coins du pays se sont rassemblés hier, près de l'annexe du ministère de l'Education, en réaction aux récentes déclarations de la ministre de l'Education, Nouria Benghebrit, sur les nouvelles conditions du concours. Les contractuels protestataires dénoncent les conditions imposées dans cet examen de recrutement. Un examen qui devrait se baser uniquement sur une épreuve écrite sans prendre en compte l'expérience des candidats. «Des personnes fraîchement diplômées ont été intégrées et viennent de bénéficier de postes permanents alors que la majorité des contractuels ayant des années d'expérience, qui exercent souvent dans des régions isolées et dans des conditions difficiles, traînent encore avec des contrats renouvelables, chaque trois mois», dira Fouad de Béjaïa qui réclame une intégration sans conditions, après 3 années d'exercice en tant que contractuel. Les protestataires ont brandi des pancartes à travers lesquelles ils ont exprimé leur ras-le-bol. Certains d'entre eux ont 5 et 6 années d'expérience mais ils ont toujours le «grade» de contractuels. Les protestataires veulent une réponse positive à leurs revendications, notamment celle qui concerne leur intégration, avant l'organisation du concours de recrutement des enseignants prévu soit au mois de mars ou avril, selon les enseignants rencontrés sur place. L'autre facteur démotivant, ce sont les retards fréquents des paiements des salaires des contractuels. Si les 670 enseignants de la wilaya de Béjaïa ont été payés, après plusieurs protestations et après l'intervention du wali, d'autres enseignants n'ont pas perçu encore leur paie, certains depuis six mois, d'autres depuis déjà un an. Les protestataires citent le cas des enseignants contractuels de Djelfa, de Msila et de la région ouest d'Alger. Le nombre des enseignants contractuels au niveau national dépasse les 20.000 enseignants, selon le Conseil national des lycées d'Alger (CLA) dont certains de ses membres ont assisté au rassemblement, en guise de solidarité et de soutien aux protestataires. Bendaïkha Kamel, membre du bureau national du CLA, a affirmé que certains lycées fonctionnent à 100% de personnel contractuel. Il cite le cas du lycée Sidi M'hamed à Birtouta (Alger). Et de préciser que le secteur de l'Education a fait appel à ces contractuels pour combler le déficit qui s'est creusé par le départ massif des enseignants en retraite. Mais, précise-t-il, «ce n'est pas le recrutement des contractuels qui pose problème mais c'est l'exploitation pendant des années, sans une garantie de confirmation qui nous pousse à dénoncer la précarisation du métier d'enseignant». Il explique que le salaire d'un contractuel commence à partir de 21.000 DA contre 36.000 DA pour l'enseignant permanant. Il précise en outre que les contractuels n'ont pas le droit aux primes, ni au paiement des salaires du mois de juillet et août, «ce qui nous pousse à dire que l'Etat exploite ces contractuels». Et de souligner la nécessité d'exiger au gouvernement le recrutement de tous les contractuels ayant plusieurs années de service effectif et l'octroi des primes et indemnités liées à la fonction. Enfin, les protestataires ont appelé la ministre de l'Education nationale à la suppression du concours pour les contractuels ayant plusieurs années de service et leur intégration sans conditions dans leurs postes. Les enseignants contractuels menacent d'occuper la rue jour et nuit jusqu'à leur intégration effective sans conditions.