En attente d'un logement depuis plus de trois décennies, des mal-logés du bidonville de la gare ferroviaire d'Es-Sénia ont bloqué la voie ferrée au niveau de l'entrée de la zone industrielle, empêchant ainsi le passage des trains vers la gare d'Oran. Cette action de protestation qui dure depuis dimanche soir, s'est poursuivie durant les premières heures de la matinée d'hier. Il aura fallu l'intervention des services de l'ordre pour dégager la voie. Selon des protestataires, une délégation représentants des familles s'est déplacée vers la wilaya ou elle devait rencontrer un responsable. Les protestataires affirment que le recours à la protestation a été dicté par les conditions désastreuses dans lesquelles vivent plus de 250 familles entassées dans ce bidonville, certaines depuis plus de trente années. « Des centaines voire des milliers de familles ont été relogées depuis l'année dernière, et des bidonvilles ont été vidés et rasés, malheureusement aucun responsable n'est venu nous rendre visite. La dernière commission est passée le 02 janvier 2012, il y a plus de quatre années. Face à cette indifférence, nous n'avions d'autres recours que la protestation pacifique pour attirer l'attention des responsables », assure une vielle dame. Cette dernière affirme que les familles, qui pour une raison ou une autre, ont élu domicile dans ce bidonville, souffrent le martyr et leurs conditions ne cessent de se dégrader au fil des ans. « Au bruit infernal des trains, nous sommes aussi contraints de subir toutes les nuisances de la décharge sauvage située a proximité. Les odeurs nauséabondes et les rongeurs font partie de notre quotidien » assure la même interlocutrice avant d'ajouter que certains pères de familles sont nés dans ce bidonville et n'ont connu durant toute leur vie que la misère. « Les responsables ont affirmé qu'ils procéderont à l'éradication de tous les bidonvilles et au relogement des familles. Les dernières opérations ont touché les bidonvilles de Aïn Beida et de Cheklaoua, cela nous a donné espoir, malheureusement, nous n'avons rien vu venir. Pourquoi cette politique de deux poids, deux mesures ? » S'interrogent les protestataires. En dépit des nombreux appels lancés en direction des responsables pour trouver une solution à leurs doléances, y compris leur recasement, les choses sont restées sans réponses. « Aujourd'hui, nous n'avons d'autre espoir qu'une intervention personnelle du wali. Nous l'invitons à envoyer une commission pour constater les conditions dans lesquelles nous vivons », concluent les protestataires. Pour rappel, l'ex-chef de daïra d'Es-Sénia avait révélé que 600 familles vivant dans des bidonvilles recensées en 2007, devront être relogées dans des logements décents, dans le cadre du plan national de lutte contre l'habitat précaire. La prolifération des constructions illicites pose toujours problème aux autorités publiques. Selon un rapport établi par la commission de l'aménagement urbain et de l'équipement de l'assemblée populaire de la wilaya, quelque 155 bidonvilles ont été recensés à travers les différentes communes de la wilaya. Ces nouvelles statistiques fournies par la direction de la programmation et du suivi du budget (ex-direction de la planification et de l'aménagement du territoire, DPAT) indiquent que 32 bidonvilles ont été recensés dans la seule commune d'Oran. En effet, entre 8.000 et 9.000 constructions illicites et maisons de fortune sont implantées au niveau de ces bidonvilles. Le plus grand nombre des constructions illicites a été recensé au niveau des communes de Sidi Chahmi, Es-Sénia et Haï Bouâmama (ex-El Hassi). Dans une dernière déclaration, le wali d'Oran avait annoncé l'engagement des pouvoir publics a éradiquer tous les bidonvilles. Les occupants de ces habitations de fortune seront relogés dans des habitations décentes et les bidonvilles seront rasés.