Premier coup porté à la Charte d'éthique et de stabilité de l'Education', signée entre la tutelle et 8 syndicats du secteur, à la fin du mois de novembre 2015. Comme le laissaient comprendre les positions des représentants des deux syndicats, le Cnapeste et le CLA, les deux syndicats qui se sont abstenus, de signer le document en question, ont opté, en début de soirée, du samedi 9 avril, pour un débrayage d'une journée, le mercredi 13 avril, accompagné de sit in, le même jour, devant les directions de l'Education, à travers le territoire national. La décision d'aller vers une grève d'une journée, une décision « concertée entre les deux syndicats », précise-t-on, a été prise à l'issue des réunions tenues le samedi 9 avril par les conseils nationaux du Cnapeste et du CLA, en signe de soutien aux enseignants contractuels qui observent une grève de la faim, depuis une semaine, à la sortie de la ville de Boudouaou. « Pour le moment, le conseil national a décidé d'observer une journée de grève nationale, par solidarité avec les contractuels, et l'on avisera des suites à donner à ce mouvement, selon les développements des évènements », nous dira M. Idir Achour, syndicaliste du CLA qui a participé à la marche des enseignants contractuels, entamée un certain 27 mars, à partir de Béjaïa et bloquée par les services de sécurité, à une trentaine de kilomètres d'Alger, empêchant les marcheurs de rejoindre le Palais d'El Mouradia où ils comptaient se rendre pour solliciter une intervention du président de la République, en leur faveur. Notre interlocuteur indiquera, dans ce contexte, que les enseignants contractuels sont déterminés dans leur action de protestation pacifique, continuant leur grève de la faim et jurant que c'est « l'intégration sans condition ou la mort ». Pour sa part, le chargé de la communication du Cnapeste, Messaoud Boudiba, tiendra le même langage, tout en soulignant que la session du conseil national reste ouverte, jusqu'au règlement de ce conflit. Comprendre que la Cnapeste peut prolonger la grève ou recourir à d'autres formes de protestation, à tout moment. Toutefois, tiendra à préciser M. Boudiba, « on espère qu'on n'arrivera pas jusque-là ». Nos deux interlocuteurs reviendront sur la légitimité de la revendication des contractuels, en l'occurrence l'intégration, sans passer par le concours, en parlant d'un grave préjudice moral commis à l'endroit des contractuels, lorsque la tutelle a décidé d'introduire le concours au préalable de tout recrutement dans le secteur, alors que la pratique était depuis 2011 / 2012 le recrutement sur la base du diplôme, où l'expérience professionnelle était, réellement, valorisée et donnait option presque évidente pour le recrutement des enseignants occupant des postes vacants, depuis des années, car l'examen oral ne comptait que 3 points. « C'était le meilleur choix (ndlr, le recrutement sur la base du diplôme et l'examen oral), car la formation de l'enseignant est déjà acquise, sur le terrain et la suite de l'amélioration des connaissances pédagogiques sera très facile », estime M. Messaoud Boudiba. Et, ajoute ce dernier, admettons que le concours est exigé par la loi, le changement devait être précédé, obligatoirement, par une campagne de sensibilisation des contractuels, afin de les préparer sur un plan psychologique, au nouveau procédé, le concours en l'occurrence. « C'est difficile, voire impossible de faire admettre à un contractuel qui attend une intégration depuis des années, supportant pour cela toutes les contraintes du travail, dans des conditions peu enviables, pour se retrouver dans l'incertitude au bout du chemin », fait constater notre interlocuteur. Et la valorisation de l'expérience professionnelle acquise par les contractuels et « arrachée » par la tutelle, à la Fonction Publique ? « Rien n'est garanti, lâche M. Boudiba, plus personne ne croit à la transparence du concours. Et je peux vous assurer que tous les concernés croient, dur comme fer, que le concours servira plutôt à faire passer les passe-droits ». Dans, le fond, et il faut bien le comprendre, c'est là que résident toutes les craintes liées au concours, comme le souligne encore M. Boudiba, « qui peut avoir la certitude que tel candidat a été admis ou que tel autre a été recalé, au concours, sur la base des seules notes obtenues, à l'examen écrit ?». Ce sont là des problèmes qu'on aurait pu éviter en traitant ce dossier d'une manière plus convenable, relèvent les syndicalistes du Cnapeste et du CLA. Notons, par ailleurs, que des députés se sont rendu à Boudouaou, où ils ont discuté avec les contractuels grévistes de la faim, et il est attendu qu'ils présentent, le plus tôt, leurs conclusions au Premier ministre. Une solution politique qui se dessine à l'horizon ?