Le Front Polisario a annoncé hier samedi que des manœuvres militaires avaient été organisées le même jour "dans la région d'Aghouinit, dans les territoires libérés du Sahara occidental", par l'Armée de libération populaire sahraouie (ALPS). Ces manœuvres, selon un communiqué de l'agence de presse sahraouie, ont été menées "dans la zone sud par les unités 1, 3 et 7 de l'ALPS". L'organisation de ces manœuvres militaires, très rares en cette période de l'année, coïncide avec un agenda onusien chargé, dont l'examen par le Conseil de sécurité de l'ONU du rapport semestriel de son SG, Ban Ki-moon, sur la situation au Sahara occidental. Selon le chef d'état-major de l'Armée de libération sahraouie, "ces manœuvres s'inscrivent dans le cadre du programme annuel du ministère de la Défense", et "font suite aux récents agissements de l'occupant marocain qui sont de nature à saper les négociations entre les deux parties". Les manœuvres militaires sahraouies sont également une réaction face "à l'expulsion par le Maroc de la composante civile de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso)", ajoute le chef d'état-major de l'ALPS. Comme elles "préparent les troupes en prévision de toute urgence", précise-t-il. Youcef Ahmed, membre du secrétariat général du Front Polisario, explique de son côté que ces manœuvres militaires sont "un message" de l'Armée de libération sahraoui pour "la libération des territoires occupés du Sahara occidental". "Cette libération est notre principal objectif", a-t-il affirmé avant d'appeler le Conseil de sécurité de l'ONU "à garantir le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et mettre fin au conflit au Sahara occidental". La direction politique du Front Polisario rappelle ainsi aux membres du Conseil de sécurité que le dossier de décolonisation du Sahara occidental reste pendant, en dépit des efforts déployés par les secrétaires généraux de l'ONU qui se sont succédé depuis le cessez-le-feu en 1991. Dans son rapport sur la situation au Sahara occidental qui sera discuté à la fin du mois par les membres du Conseil de sécurité, M. Ban a rappelé qu' "il était temps d'engager des négociations sérieuses, sans conditions préalables et de bonne foi pour parvenir à une solution politique mutuellement acceptable qui permet l'autodétermination du peuple (du Sahara occidental)". Il a souligné dans ses recommandations au Conseil de sécurité de l'ONU, contenues dans son dernier rapport sur le Sahara occidental, qui sera examiné 27 avril, qu'une "solution politique doit impérativement inclure la résolution du conflit au Sahara occidental". L'inquiétude des Sahraouis sur la menace que fait peser le Maroc sur la Minurso, en expulsant son personnel, a été en outre évoquée par M. Ban dans son rapport, où il relève que "cette mission a été mise en place pour surveiller le cessez-le-feu et organiser un référendum d'autodétermination". Mais l'expulsion de sa composante civile par le Maroc, mécontent que le SG ait parlé d'occupation du Sahara occidental, "a empêché cette mission de maintien de la paix de l'ONU d'effectuer ses fonctions", selon le SG de l'ONU, pour qui "l'incapacité de la Mission à exécuter ses tâches entraînerait, à court et à moyen terme, des conséquences importantes sur la stabilité de la région et sur la crédibilité des opérations de maintien de la paix du Conseil de sécurité et des Nations unies". Le SG de l'ONU estime en fait que "la sécurité dans ces territoires risque de se détériorer avec cette crise qui a fortement impacté la mission de la surveillance du cessez-le-feu de la Minurso". Les manœuvres militaires sahraouies sont par ailleurs un message clair au Maroc et à la communauté internationale que l'option de la reprise des combats est sur la table, à défaut d'organisation d'un référendum sous l'égide de l'ONU pour l'autodétermination au Sahara occidental.