Après plusieurs mois de gestation, le gouvernement vient de libérer l'importation des véhicules. L'Etat, qui cherche à tout prix à réduire sa facture en devises, a divisé en deux le nombre des concessionnaires postulant aux licences d'importation. La décision de la tutelle stipule qu'en 2016 le quota global des véhicules importés est fixé à 152.000 unités sans toutefois dépasser la barre du milliard de dollars. Des économies estimées à plus de 2 milliards de dollars par rapport à 2015. De quoi satisfaire le gouvernement qui tente par tous les moyens de rogner sur les factures d'importation : voitures, lait en poudre, médicaments et la liste s'allongera certainement pour arrêter une hémorragie causée par les impératifs d'une économie de bazar qui a privilégié des incompétences aux leviers de l'Etat providence. Les conditions d'éligibilité à ces licences répondent à plusieurs critères dont essentiellement l'agrément, le respect du cahier des charges et la situation fiscale, détaille le département du Commerce. Pourtant, les choses sont loin d'être aussi limpides que les explications du ministère et 40 concessionnaires sont restés sur le carreau avec leurs lots d'employés à pointer au chômage. Aujourd'hui, on est en train de payer les mauvaises orientations économiques prises en amont par des décideurs peu enclins à réellement imposer un modèle économique viable. Pourtant, l'Etat, amnésique et schizophrène, continue d'avancer à la hussarde dans sa logique de colmater les brèches sans se soucier des dégâts collatéraux au sein de la population. Le dossier des voitures avec son intermède des licences a ouvert grandes les portes à l'explosion des prix. Du neuf dont certaines parties ont pris soin de stocker pour faire flamber le marché à celui de l'occasion qui échappe à toute logique commerciale. L'Algérien se retrouve au milieu d'un marché incandescent, incapable de se payer un véhicule avec moins de 50.000 km au compteur à moins de trois millions de dinars. C'est dire que la décision du gouvernement a chamboulé tout un marché lui faisant perdre ses repères. Le secteur de l'automobile n'est pas un cas unique puisqu'il ne déroge pas à la règle générale des licences d'importation. Une exigence redoutée par des importateurs qui savent que les dés sont pipés quelque part et que les passe-droits, les intérêts claniques et l'instrumentalisation de l'économie au service du politique sont monnaie courante en Algérie.