Fin de la retraite proportionnelle, anticipée sous conditions, mais maintien toujours de l'âge légal de jouissance de la retraite à 60 ans. C'est ce qu'a confirmé hier lundi sur les ondes de la chaîne 3 le directeur général de la sécurité sociale au ministère des Affaires sociales, M. Djawad Bourkaïb. Il a confirmé, au lendemain de la tripartite qui avait annoncé la fin de cette disposition du code du travail, « la fin de la retraite proportionnelle et celle sans condition d'âge ». Dimanche à l'issue des travaux de la 19ème tripartite, le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait affirmé qu'il a été convenu entre les partenaires de la tripartite de fixer l'âge de départ à la retraite à 60 ans, ainsi qu'un nouveau projet de loi modifiant l'ordonnance 97-13 instituant le départ à la retraite sans condition d'âge. Une commission sera mise sur pied pour élaborer ce projet de loi qui fixe l'âge de départ à la retraite à 60 ans par souci d'équité et de préservation des capacités de la Caisse nationale des retraites, a-t-il ajouté. « L'âge minimum de départ à la retraite est maintenu à 60 ans, c'est l'âge légal », a expliqué M. Bourkaïb. L'ancien dispositif, celui qui intégrait la retraite anticipée et la retraite proportionnelle « est un dispositif qui a été appliqué dans le cadre du Plan d'ajustement structurel du FMI. Ce contexte n'existe plus. De plus, à l'instar des pays à forte démographie, le départ précoce à moins de 60 ans n'a plus sa raison d'être », souligne M. Bourkaïb qui relève que « c'est dans ce contexte qu'est intervenue cette décision. On revient donc à l'âge légal de départ à 60 ans ». En outre, « la branche retraite connaît des difficultés, dont les retraits précoces de personnes actives, qui partent avant l'âge de 60 ans, et donc il n'y a plus de cotisations de ces personnes, et quelque part une rupture de la solidarité intergénérationnelle est enregistrée ». Dès lors, « il faut donc revenir à l'orthodoxie de l'âge légal à la retraite », ajoute M. Bourkaïb qui a indiqué qu'en Algérie, le ratio de retraités par rapport aux cotisants est de trois cotisants pour un retraité, alors qu'il doit être d'au moins cinq cotisants pour un retraité. « Les retraits précoces du marché du travail ont causé des dommages aux caisses sociales », affirme-t-il, « et ne sont pas générateurs d'emplois, mais causent une perte de compétences, outre une perte de cotisations ». L'application de l'ordonnance 97-13 a fait que sur 1,6 million de droits directs de retraite (retraités), plus de 50% sont des retraites précoces, « c'est un ratio révélateur de l'ampleur du phénomène et les difficultés financières de la branche retraite », estime M. Bourkaïb selon lequel « plus de 830.000 retraités sur les 1,6 million sont des personnes qui sont parties avant l'âge de 60 ans ». Mais, globalement, il y a trois millions de personnes qui perçoivent en Algérie une pension de retraite, directement ou comme ayants droit. « Il y a près de 770 milliards de dinars de droits de retraite versés chaque année, c'est la plus grande part des recettes de cotisations de sécurité sociale », relève par ailleurs le directeur de la sécurité sociale au ministère du Travail qui a expliqué que « pour la conjoncture, il y a la solidarité inter-caisses, mais à long terme, il faut chercher d'autre sources de financement » pour suppléer aux difficultés financières de la CNR. « Quand un travailleur part en retraite, il faut cinq cotisants pour le remplacer, ce qui n'est pas le cas », a-t-il déploré. Par contre, des situations exceptionnelles peuvent donner lieu à une retraite anticipée, dont une perte d'emploi pour raisons économiques, maladie, accident de travail ou une invalidité de longue durée. Il a expliqué en fait que le régime de retraite dite 'anticipée'' sera maintenu « afin de protéger les travailleurs perdant leur emploi pour des raisons économiques lesquels pourront alors prétendre à un revenu provisoire de remplacement ».