Les départs à la retraite avant l'âge légal de 60 ans représentent plus de 50% de l'ensemble des pensions de retraite servies actuellement en Algérie. Les chiffres sont ceux du directeur général de la Sécurité sociale au ministère du Travail. Djawad Bourkaïb, qui était hier l'invité de la rédaction de la Chaîne III de la Radio nationale, a révélé que le bilan de l'application de l'ordonnance n°97-13 du 13 mai 1997, instituant le départ à la retraite sans condition d'âge, a fait ressortir que «sur les 1,6 million de retraites servies, il y a plus de 830 000 personnes qui sont parties avant l'âge de 60 ans». «Un ratio très révélateur de l'ampleur du phénomène qui a mécaniquement entraîné les difficultés financières de la branche retraite» de tout le système national, a précisé Bourkaïb qui a toutefois refusé de reconnaître que la CNR se trouve en difficulté. Selon le représentant du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale qui s'est félicité de la décision prise par la 19e tripartite réunie avant-hier à Alger, mettant fin au départ à la retraite sans condition d'âge, plusieurs facteurs sont à l'origine de ces difficultés financières de la branche retraite. Il y a d'abord ce phénomène de «retraites précoces des personnes actives», et qui fait qu'«il n'y a plus de cotisations», met-il en cause. Ajouté «aux versements de pensions avant l'âge de 60 ans, pendant une durée assez longue», soutient l'invité de la radio qui relève quelque part «une rupture de la solidarité intergénérationnelle», car une génération doit rester active, estime-t-il, «jusqu'à soixante ans pour financer les retraites». Toujours en termes de données chiffrées, Djawad Bourkaïb indiquera que «pas moins de 710 milliards DA sont versés annuellement au titre des pensions de retraite». La plus grande part des recettes de la Sécurité sociale, a expliqué l'orateur, qui précise qu'en plus des 1,6 million de retraités, issus de droit après une carrière, «il y a plus de trois millions d'Algériens qui vivent des avantages de la retraite». C'est-à-dire les familles auxquelles reviennent généralement les pensions dans certains cas. Et c'est pourquoi l'orateur estime «généreux» le régime de retraite algérien. En France, par exemple, a-t-il indiqué, «il faut cotiser 41 ans pour avoir 50% du salaire des 25 dernières années à la retraite». Tandis qu'en Algérie, la pension de retraite «est comptée à 80% du salaire des 5 dernières années, après 32 ans de cotisation». Quant au fonctionnement du système de retraite, Bourkaïb précisera qu'«actuellement, on est à 3 cotisants (salariés) pour 1 retraité». Ce qui est loin de la norme internationale qui est de 5 cotisants pour 1 retraité. Par ailleurs, et contrairement à une idée reçue, c'est le régime de la retraite proportionnelle et sans condition d'âge qui est appelé à disparaître avec l'amendement prochain de l'ordonnance n°97-13 du 13 mai 1997. Celui dit de «retraite anticipée sera maintenu», afin, ajoute-t-il, «de protéger les travailleurs perdant leur emploi pour des raisons économiques. Lesquels pourront alors prétendre à un revenu provisoire de remplacement». Fondé sur «la solidarité intergénérationnelle», le système de retraite, pense Djawad Bourkaïb, doit suivre désormais les évolutions démographiques. D'où la décision prise lors de la dernière tripartite «dans l'intérêt général et la préservation de notre système pour nos enfants et les générations futures», a-t-il conclu.