«On vous a donné carte blanche pour les camps de toile. Mais autant vous avez toute latitude, autant votre responsabilité est pleinement engagée. Gare à celui qui fait dans l'affairisme ou dans le social dans cette nouvelle expérience !» La souplesse du mode d'octroi des terrains, à titre de location ou de concession, pour la mise en place de camps de toile, a été laissée par le ministère de l'Intérieur exprès pour inciter ce nouveau dispositif consistant en la création de véritables lieux de villégiature offrant un décor, une convivialité et des animations à des prix concurrentiels, comparativement aux autres types de location de vacances. Aucune obligation de passer par une mise en concurrence, par voie d'adjudication par exemple, n'est imposée aux APC pour le choix des opérateurs. Dans ce registre, la marge de manœuvre pour les conseils municipaux est très large, dans la mesure où l'instruction du département de Bedoui permet aux municipalités de «faire appel à des opérateurs publics et privés intéressés pour l'installation sur des terrains relevant du domaine privé de l'Etat ou des collectivités, par le biais de la location ou la concession ». Le seul garde-fou à cette liberté est le wali. Tout doit être, en effet, soumis à son contrôle étroit et assujetti à son pouvoir discrétionnaire. Le wali d'Oran, Abdelghani Zâalane, a tenu à ce que les opérateurs auxquels des sites seront loués pour l'installation de camps de toiles, au nombre de cinq, soient présents à la réunion de «dernières retouches» pour la saison estivale tenue hier mardi. Le directeur du tourisme les lui a présenté un à un, dans cet ordre : plage Madagh (Aïn El-Kerma), El-Ançor, Cap Falcon (Aïn El-Turck), Kristel (Gdyel), Marsat El-Hadjadj (ex Port-aux-Poules). La seule question du « test d'entretien » posée par le wali, c'était de savoir auprès des responsables des collectivités respectives si ces opérateurs locaux étaient vraiment du domaine et jouissaient de bonne notoriété sur la place. Evidemment, ce n'était qu'une petite prise de contact, en attendant d'en savoir plus sur ces opérateurs. Et il n'y a pas meilleure «enquête» que de voir de visu les camps qui seront mis en place par ces opérateurs, qui ont un délai jusqu'à fin ramadhan pour être prêts. Camps de toile : «affairistes» s'abstenir A l'œuvre, on reconnaît l'ouvrier. On gagnera beaucoup, en qualité et en temps, en ciblant dès le début les opérateurs ayant un savoir-faire, mais qui activent déjà surtout, dans le créneau « tourisme-hôtellerie-plage ». D'où cette note du wali : « Les touche-à-tout et autres affairistes qui veulent se faire un peu d'argent dans ce qui s'apparenterait à une aubaine, à leurs yeux, on n'en veut pas. Adressez-vous aux opérateurs qui ont les moyens et pour qui ce dispositif représente plus une fenêtre publicitaire sur leur activité-mère, un élément de promotion et de prestige, plutôt qu'un fonds de commerce, un gagne-pain ». Il ne sert à rien, en effet, de faire l'administrateur formaliste et rigoureux, en arborant le cahier des charges en guise d'épée de Damoclès sur les têtes des exploitants de ces camps de vacances, si on se trompe de «client» au départ. Le vieux routier de la locale qu'est Zâalane ne sait que trop bien que c'est une affaire de mentalité et d'homme qu'il faut à la place qu'il faut et que ce n'est point un cahier des charges qui va «professionnaliser» un pique-assiette. Aussi, a-t-il peu abordé l'aspect réglementaire. Néanmoins, il a précisé dans la foulée que le principe retenu, c'est une autorisation provisoire d'occupation du sol, d'une durée de quatre mois, tout au plus. A noter par ailleurs que les exploitants privés peuvent être autorisés pour l'installation de ces camps sur des terrains loués auprès de particuliers. Une affaire de bon choix d'opérateurs d'abord A cet effet, les autorités locales doivent mener une campagne de communication auprès des propriétaires de terrains, dans des sites proches de la côte et adaptés pour recevoir ces camps, afin de les encourager à la location de leurs terrains. Pour sa part, l'Agence foncière doit être un acteur actif dans la réalisation de ces opérations, non seulement dans la gestion, la mise à disposition de l'offre foncière, la réalisation des travaux préparatoires et de viabilisation des sites qui seront dégagés pour l'installation de ces camps, mais également comme opérateur exploitant. Pour veiller à la quiétude et la sécurité des vacanciers et de leurs biens, l'exploitant doit assurer, de jour comme de nuit, la sécurité du camp, qui doit être également doté de moyens suffisants anti-incendie. Les services de la Protection civile procéderont à des contrôles de la situation des camps en matière de sécurité anti-incendie et une veille sécuritaire sera assurée par la gendarmerie et la sûreté nationale, qui pourront procéder, à tout moment, au contrôle des documents administratifs de l'exploitant. Des missions de contrôle et d'inspection, diligentées par le wali, sont menées régulièrement par les services compétents et des sanctions seront appliquées en cas d'infraction à la réglementation. Les camps de toile, destinés essentiellement aux familles, doivent être dotés d'équipements collectifs (sanitaires, douches, cuisines et buanderies collectives et d'une infirmerie) et d'espaces d'activités de détente et de sport et de loisirs. Le wali est chargé de coordonner le lancement de cette opération dans les meilleurs délais, afin que soient aménagés le plus possible de camps de toile sur le territoire de ses communes côtières. A cet effet, des rapports d'étape, relatifs aux différentes phases de réalisation de cette opération, devront être adressés régulièrement au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales.