L'Association de la communauté algérienne établie à l'étranger (ALCAEE), et soutenant l'initiative du Collectif algérien pour la libération de Mehdi Benaïssa, Ryad Hartouf et Mounia Nedjaï, a appelé à son tour au rassemblement d'aujourd'hui devant le consulat d'Algérie à Paris prévu à 14h30. Le Collectif algérien avait lancé « un appel à la mobilisation de la communauté algérienne en France et aux artistes, aux comédiens, aux journalistes et toute personne soutenant le droit à la liberté d'expression et au maintien des libertés individuelles pour dénoncer l'arrestation arbitraire, le 23 juin dernier, du directeur général de KBC, du directeur de la production de la même chaîne et de la directrice centrale au ministère de la Culture algérien ». Rappelons qu'un vaste mouvement de solidarité est né après ces arrestations et plusieurs associations et organisations de défense de droits de l'homme et de la liberté d'expression ont exprimé leurs inquiétudes après les attaques perpétrées à l'encontre des médias indépendants en Algérie. Un communiqué publié le mercredi dernier, et signé par plusieurs de ces associations dont, à titre illustratif, le Réseau arabe pour l'information sur les droits de l'homme (ANHRI), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) ou encore celui pour le respect des libertés et des droits de l'homme en Tunisie (CRLDHT), exhorte les autorités algériennes à mettre un terme aux attaques de plus en plus fréquentes à l'encontre de journalistes et de médias critiques et à aligner la législation relative aux médias sur les garanties constitutionnelles et les obligations internationales de l'Algérie en matière de droits humains. Le document rappelle chronologiquement les faits de l'arrestation de Mehdi Benaïssa, Ryad Hartouf «liée à la diffusion de deux émissions satiriques, Ki Hna Ki Nass et Ness Estah». Le communiqué reprend l'avocat du DG de KBC qui indique que les deux hommes sont accusés d'être complices d'abus de fonction et d'avoir falsifié des autorisations en vertu de l'article 223 du code pénal algérien. «S'ils sont condamnés, Mehdi Benaïssa et Ryad Hartouff risquent jusqu'à dix ans de prison pour le premier chef d'accusation et jusqu'à trois ans de prison pour le second chef d'accusation». Concernant Mounia Nedjaï, elle a également été arrêtée et «accusée d'abus de fonction en vertu des articles 33 et 42 de la loi 06-01 relative à la lutte contre la corruption. Elle risque jusqu'à dix ans de prison». Le communiqué rappelle que ces arrestations «font suite à l'inauguration en juin du nouvel organisme de réglementation, l'Autorité de régulation de l'audiovisuel, institué conformément à la loi restrictive de 2014 relative à l'activité audiovisuelle». Les signataires du document évoquent également la vente du groupe médiatique El Khabar à Issad Rebrab empêchée par le gouvernement qui «a invoqué une loi antimonopole» ainsi que l'épisode du nouveau siège d'El Watan. Les organisations signataires réitérant leur solidarité avec tous les journalistes indépendants et le personnel des médias visés en raison de leur travail dans la région arabe, appellent les autorités algériennes à «libérer sans condition Mehdi Benaïssa, Ryad Hartouf et Mounia Nedjaï, et restituer à KBC son matériel de production afin qu'elle puisse reprendre complètement ses activités», «cesser de recourir à des procédures administratives abusives pour interdire et criminaliser la liberté d'expression et le journalisme indépendant» et «modifier toutes les lois qui ont permis d'emprisonner des journalistes pour avoir fait leur travail et qui ne sont pas conformes à la Constitution révisée et au droit international des droits de l'homme, en particulier l'article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques».