C'est dans le calme et une ambiance pacifique que des comédiens, des plasticiens, des journalistes, des musiciens, des anonymes, des saltimbanques, des citoyens, femmes et hommes, des jeunes surtout, venant même de Tizi Ouzou, Oran, Médéa, Tissemssilt ou encore Béjaïa ont répondu à l'appel lancé à travers les réseaux sociaux et relayés par quelques journaux portant sur un rassemblement pour la libération de Mehdi Benaïssa, le directeur de la chaîne de télévision KBC du groupe El Khabar, et Ryad Hartouf, directeur de production de l'émission satirique «Ness stah», et Nora Nedjaï, cadre exerçant au ministère de la Culture, placés sous mandat de dépôt par le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed à Alger. Et ce, depuis le vendredi 24 juin 2016. Ainsi, depuis les marches du TNA, des comédiens du monde du théâtre, du cinéma, de la télévision et des journalisme, tels que les acteurs Khaled Benaïssa, frère de Mehdi (Benaïssa), Noel Imen, Adila Bendimred, Abdelkader Djeriou, Idir Benaibouche, Samira Sahraoui ou encore le chroniqueur d'El Watan, Chawki Amari, pour ne citer qu'eux, sont venus exprimer leur solidarité et témoigner leur soutien sans faille aux détenus, victimes de pratiques jurassiques ce du «big brother is watching you» (le grand frère te surveille). «On ne fait pas dans la brosse à reluire…» Assis, face à un aréopage adhérant à cette action unitaire, protestataire et civique, ils ont brandi des affiches dénonçant l'arbitraire et l'ignominie de ce fait du prince faisant table rase et voire éradiquant royalement — il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark — les valeurs universelles des droits humains et par conséquent, la liberté d'expression : «Ensemble contre l'intimidation», «Libérez notre pays», «Libérez l'Algérie»… «On ne peut rester les bras croisés. Un rassemblement comme cela, c'est solidaire. C'est un minimum. C'est le b. a.-ba. Dommage, j'aurais aimé que la profession s'organise encore plus. Il n'y a pas d'associations qui s'impliquent plus. Mais il y en a que j'ai rencontrées qui travaillent très bien et qui sont très sensibilisées pour faire bouger les choses… On interpelle la société civile, l'opinion publique. La situation est prétexte pour que l'opinion reprenne ses droits. Cela serait bien qu'elle se fasse entendre, qu'elle reprenne son aura, et à tous les niveaux, à toutes les échelles. Il faut que l'opinion publique, en Algérie, reprenne ses droits. Cette situation, est un très bon prétexte pour réveiller les consciences en matière de liberté d'expression et surtout de la justice…», a déclaré l'acteur Khaled Benaissa (Sektou, Le Repenti, L'Oranais). Puis, les artistes observant ce sit-in, se sont lever pour scander des slogans on ne peut plus clairs (en clair) : «Manchaitouche, mankhaltouche, mankhafouche» (on ne fait pas dans la brosse à reluire, on ne manigance pas et on n'a pas peur), «Djazaïr houra, dimoktatia (l'Algérie libre et démocratique), «Libérez l'Algérie» et surtout cet appel fédérateur interpellant les décideurs, les pouvoirs publics : «Libérez Mehdi Benaïssa, Ryad Hartouf et Nora Nedjaï», «Libérez la justice». «Toute l'Algérie est prise en otage» Abdelkader Djeriou, réalisateur de l'émission satirique «Ness stah» a commenté : «J'espère que la justice sera juste et impartiale quant au sort des trois détenus. J'espère que nos amis sortiront de prison parce qu'ils ont subi une injustice. Si cette action n'a pas de résultats, nous continuerons à en organiser d'autres. L'une après l'autre… Nous resterons toujours debout. Et le combat continuera. Cela fait du bien de voir tous ces artistes, journalistes et citoyens… Je les remercie pour leur soutien et leur présence ce soir, ici. Des programmes TV comme ‘‘Ki hna ki ness'' ou ‘‘Ness stah'' sont des productions algériennes. Que cessent les intimidations. On en a assez de la peur. On espère que ces émissions (satiriques) reviendront. Et puis le retour à la normale…» Le comédien et metteur en scène, dont l'actualité est la pièce théâtrale Torchaka, a soutenu : «Cette action représente pour moi le renouveau. La flamme qui va donner un espoir pour la libération de l'Algérie toute entière. Ce n'est pas uniquement une action en direction de nos amis journalistes ou bien de la responsable du ministère de la Culture, Nora Nedjaï ou encore Mehdi et Ryad mais pour toute l'Algérie. Toute l'Algérie est prise en otage. Et nous voulons la libérer. Le système en place nous a ôté notre Algérie. Nous avons honte, mais eux, non.» Le seul homme politique ayant marqué sa présence et sa solidarité lors de ce rassemblement est Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid : «Aujourd'hui, on est venu dire non à l'emprisonnement d'hommes de la presse, des arts. C'est l'élite qui est touchée de plein fouet. Le problème est que la décision de mettre en prison ces hommes et cette femme vient dans le sillage d'un certain nombre de décisions qui toutes sont faites pour restreindre la liberté d'expression et essayer d'exclure toute voix opposante au régime. La justice est actionnée par le pouvoir, si ce n'est pas le ministre, c'est au-dessus de lui, si ce n'est pas le Premier ministre, c'est… En tout cas Abdellaziz Bouteflika (président de la République) doit assumer face à l'histoire et face aux Algériens à propos de tous les dépassements qui se font en son nom. Qu'il soit conscient ou inconscient…»