« La parole a été donnée à l'homme pour cacher sa pensée » MALAGRIDA. Des débats par des écrits dans la presse agitent la scène politique algérienne. Faut-il adhérer à l'OMC ou aller au FMI et à la Banque Mondiale pour redresser notre économie déficitaire? Les deux économies en vogue et salvatrices sont le libéralisme et le capitalisme. Elles sont les antithèses du marxisme. « Le libéralisme ne peut être confondu avec le capitalisme. Il est une pensée politique fondée sur le respect des droits de l'individu. Il est vecteur de la démocratie, du développement économique et du lien social » [1, p.7]. Souvent, il rime avec dérégulation, privatisation, délocalisation des emplois et chômage. La pensée libérale est la libération de l'homme du despotisme de l'Etat, quand celui-ci se montre totalitaire ou inefficace. L'idée essentielle est qu'il faut laisser les individus s'enrichir pour que la nation s'enrichisse davantage. 1. La pensée libérale Dans un marché libéral, grâce aux prix, les quantités offertes s'ajustent aux quantités demandées et l'offre peut s'adapter à la demande des consommateurs. Ainsi, il en découle le principe de la « main invisible » du marché concurrentiel qui guide la société vers un optimum économique. L'Etat a un rôle. Il est le garant des jeux social, économique et éducatif. Il doit faire respecter la loi et la concurrence. Il assume des fonctions dites régaliennes. Il ne doit surtout pas intervenir dans le marché, sous peine de déstabiliser les mécanismes d'autorégulation. Les leaders de l'école classique du libéralisme sont A. Smith (1723-1790), D. Ricardo (1772-1823), T. Malthus (1776-1834) et J.-B Say (1767-1832). En utilisant les techniques mathématiques, les économistes néo-classiques établissent qu'en situation de concurrence, le système est en équilibre et en situation optimale où l'allocation possible des ressources est la meilleure. Les néolibéraux se répartissent en deux catégories. Les monétaristes, à leur tête Friedman, fondateur de l'école de Chicago, condamnent les politiques laxistes de l'Etat en matière monétaire et budgétaire. Elles ne font qu'augmenter les prix. L'économie de l'offre accuse les prélèvements obligataires tels les impôts et les cotisations sociales, de décourager l'offre de travail et de capital. Laffer [2, pp.41-42] dénonce les effets pervers d'un taux d'imposition excessif en démontrant que « trop d'impôt tue l'impôt ». Le libéralisme est qualifié par certains comme la pensée officielle du capitalisme. 2. Les idées essentielles du libéralisme Des incertitudes entourent la définition même du libéralisme. Dans le libéralisme, le progrès technique et l'innovation s'avèrent décisives. La dynamique du capitalisme et la contribution à l'analyse de la croissance sont dues à Schumpeter (1883-1950) [2, pp. 45-46]. Les innovations naissent des initiatives prises dans le processus de la production des biens, le plus souvent, elles ne naissent pas de nouveaux besoins exprimés. Schumpeter distingue cinq types d'innovations, fabrication d'un bien nouveau, introduction d'une nouvelle méthode de production, ouverture d'un débouché nouveau, conquête d'une nouvelle source d'énergie ou de matière première, réalisation d'une nouvelle organisation de la production des biens. L'entrepreneur a un rôle essentiel dans l'économie libérale. Il investit son argent, s'engage dans la prise de risque, parie sur l'avenir, il espère beaucoup de profits et il peut tout perdre si son affaire « tombe à l'eau ». Le progrès technique est à l'origine des mouvements en avant et progressif du capitalisme. Si un entrepreneur innovateur lance un investissement, il est forcément imité si son affaire est lucrative. La demande de biens se sature, la rentabilité se renverse et une phase de récession s'en suivra. On espèrera une relance que si des progrès techniques sont réalisés. Dans le capitalisme, on avance par étapes alternées, expansion et récession, qualifiées par Schumpeter de « destruction créatrice ». 3. La pensée marxiste En 1776, les Américains ont fondé un grand Etat commercial, Adam Smith exposait les lois de la pensée libérale qui doivent conduire au bien-être des peuples. La pensée marxiste est l'antithèse du libéralisme classique. En 1867, Marx a lui-même repris une partie des concepts libéraux du libéralisme. Une influence politique a eu lieu sur presque toute la planète pendant le XXe siècle [2, pp. 39-40]. C'est vrai, éterniser une chose, ce serait comme le dit Pecqueur, « décréter la médiocrité en tout ». Pour les moins de 40 ans, dans les années 70, notre pays a vécu et a adopté les trois révolutions progressistes et socialistes, agraire, industrielle et culturelle. Malheureusement, cette expérience a échoué. On y voit la continuation du même et ancien Régime. Quarante après, les mêmes acteurs politiques, la même entité politique, veulent nous faire subir le libéralisme sans aucune production de thèses de recherche en économie et en sciences sociales à Harvard ou à défaut à Alger3. Ils veulent nous faire traverser la mer « Mondialisation » de la rive « gauche » à la rive « droite » sans embarcations de sauvetage social. Ils sont de vrais « harragas économiques » ! Conclusion Au libéralisme, on doit se plier à l'OMC, l'Organisation Mondiale du Commerce, la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, l'abolition de l'esclavage, la liberté d'opinion et d'association, la presse libre et les syndicats. « Le gouvernement civil est en réalité institué pour défendre les riches contre les pauvres » disait Adam Smith, le père du libéralisme [1, p.3]. L'Etat doit rechercher les conditions permettant croissance et plein emploi avec le minimum d'inflation. Références 1- Nicolas Baverez. Le libéralisme et l'esprit du XXIe siècle. Introduction, Libéralisme, Le Point, Hors-Série, Janvier-Février 2007, ! 12, pp.7-11. 2- Dominique Fontaine. Les fichiers Vuibert. Sciences économiques et sociales. Tout le programme en fiches pratiques, Terminale ES, 1997. *Universitaire