L'ancien ministre chargé des Relations avec le Parlement, Abdelwahab Derbal, est pressenti pour présider la Haute instance indépendante de surveillance des élections. Sa nomination, envisagée par le président de la République, interviendrait après la consultation des partis agréés comme le stipule la Constitution. Si la nomination de l'ex-conseiller à la présidence ne fait aucun cas, reste à savoir la réaction des partis de l'opposition qui ont publiquement critiqué cette instance promulguée le 25 août dernier. Ils ont jusqu'à la fin octobre pour se prononcer sur la nomination d'un homme proche des islamistes. En effet, Derbal est un ancien député d'Ennahda et ambassadeur d'Algérie en Arabie Saoudite jusqu'au printemps dernier. Juriste de formation, il a dirigé également le Bureau de la Ligue arabe auprès de l'UE. Son CV ne laisse pas indifférent mais c'est toute la commission de surveillance dans sa formule actuelle qui est remise en cause par l'opposition qui y voit un simple prolongement de l'Administration puisque ces 410 membres sont nommés par le chef de l'Etat, entre les magistrats proposés par le Conseil supérieur de la magistrature et «les compétences indépendantes issues de la société civile, représentant toutes les wilayas et la communauté nationale à l'étranger, ainsi que tous les acteurs de la société civile». Selon les textes en vigueur, cette Haute instance de surveillance des élections veillera en théorie «à la transparence et à la probité des élections présidentielles, législatives et locales et du référendum, depuis la convocation du corps électoral jusqu'à la proclamation des résultats provisoires du scrutin». En théorie seulement, selon l'opposition qui s'appuie sur les expériences passées pour émettre des doutes sur sa probité ou du moins sur sa neutralité. En effet, des sujets aussi sensibles que la révision des listes électorales ou leur remise aux candidats font toujours polémique. Entre les textes et la réalité, les partis ont souvent vécu à leur seul détriment le fossé qui existe entre les apparences démocratiques d'un scrutin régulier et des pratiques douteuses, une fois le vote terminé. Et ce sont ces cas de figure que l'opposition ne veut plus revivre. Ali Benflis, le président de Talaïe el Houriet, avait déclaré ne pas trop se faire d'illusions quant à une probable «rédemption» du pouvoir à travers la constitutionnalisation d'une Haute instance indépendante de surveillance des élections. Il lui reproche de se retrouver sous l'emprise de l'institution présidentielle expliquant que «c'est à travers la préparation et l'organisation des élections que la logistique de la fraude se met en place». Louisa Hanoune qualifiera, quant à elle, cette instance de «foire» de par sa composante pléthorique de 410 membres. Pourtant, l'annonce par Bouteflika, en mars 2015, de l'institution d'un mécanisme indépendant de surveillance des élections avait été saluée aussi bien par les formations politiques du pouvoir que celles dites de l'opposition qui y ont vu un gage de garantie concernant les prochaines échéances électorales. Mais cela c'était avant de connaître sa composante.