Entre lobbying et corruption, la frontière est presque invisible se chevauchant parfois pour divulguer des scandales d'Etat. Les révélations du site américain Daily Caller et du Snowden marocain, le cyber-activiste qui se présente sous le pseudo de chris_coleman24 sur son compte Twitter, renseignent sur l'entrisme marocain à Washington et son influence dans les hautes sphères du pouvoir américain. Rabat a compris que le pouvoir des lobbies est parfois plus fort et plus abordable que celui de la diplomatie et que tout peut s'acheter à condition d'y mettre le prix. Le bon. Entre prise en charge et perdiem en dollars et dons aux fondations les plus en vue, celle des Clinton par exemple, par le truchement de lobbyistes professionnels, le Maroc s'assurait du soutien ou du moins se prémunir contre l'animosité des politiciens américains particulièrement à propos du dossier sahraoui. Si Rabat est arrivé à corrompre des pétitionnaires étrangers pour plaider sa thèse sur le Sahara occidental à New York par des enveloppes à dollars et des nuitées dans les palaces marocains, il en est autrement de la politique américaine imperméable à la subornation ordinaire. Cette corruption à grande échelle se monnaye à des dizaines de millions de dollars investis auprès des sphères d'influence qui s'entourent de groupes de pression qui ont accès aux figures politiques importantes du moment. Le Maroc pêche aussi bien du côté des républicains que des démocrates mais aussi parmi le « petit » personnel onusien pour faire passer ses intérêts dans les territoires occupés du Sahara occidental. Si le lobbying est permis, voire toléré, ses dessous corrupteurs le sont moins surtout aux Etats-Unis où la collusion avec des intérêts économiques étrangers au détriment d'une compagnie américaine est préjudiciable. Si d'aventure l'information rapportée par le Daily Caller s'avérait exacte et surtout vérifiable, il n'est pas loin de voir la candidate démocrate en payer le prix fort. Là, on n'est plus en train de parler du Sahara occidental occupé mais bel et bien d'une concurrence déloyale faite à une grande compagnie américaine de production de phosphate, Mosaic Company, basée en Floride qu'on a essayé de fermer au nom de prétextes environnementaux. Hillary Clinton est nommément citée dans l'affaire, au même titre que Lisa Jackson, l'ancienne chef de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA), ce qui a fait dire au représentant de Floride au Congrès américain que «la Fondation EPA et Clinton doivent être entendues au sujet de leurs relations avec le gouvernement marocain et l'industrie du phosphate américain». Même si l'on subodore des relents électoralistes derrière ces révélations, l'affaire est plus sérieuse qu'il n'y paraît.