Les débats dans l'hémicycle de l'APN autour du projet de loi de finances 2017 ont démontré, une fois de plus, l'inutilité de parlementaires en Algérie. Le niveau du débat, ou plutôt son absence, renseigne sur la médiocrité ambiante de la chose politique en général et du niveau intellectuel de certains députés - bac moins 3 - auxquels on confie la tâche de faire contrepoids aux propositions du gouvernement. Les Algériens sont impatients de voir avril arriver, non pas pour son poisson mais pour en finir une fois pour toutes avec cette première chambre qui n'aura rien, mais vraiment rien fait pour représenter leurs électeurs. En effet, et de l'aveu même d'un député, nombre de ses collègues ne siègeraient pas à Zighout Youcef n'était-ce la politique des quotas distribués par l'administration. Un secret de polichinelle puisqu'il est de notoriété publique que les différentes élections sont frappées du sceau de la suspicion. Que va être la cuvée de 2017 pour les représentants du peuple algérien ? Les Algériens sont appelés à voter et la majorité des partis politiques ont zappé l'option du boycott, ce qui indique qu'on se dirige, pour les prochaines législatives, vers une participation massive aux urnes. Pour peu que les abstentionnistes ne prennent le dessus sur les listes électorales, les Algériens devront voter en nombre pour cette première post-nouvelle Constitution. Pour peu que l'administration joue le jeu de la transparence, il est fort à parier que les équilibres partisans vont changer. Si le sujet est traité au conditionnel, c'est que l'expérience algérienne ne nous a pas habitués à plus d'optimisme malgré la batterie des textes de loi et des promesses d'en haut pour un scrutin propre. Mais ce qui peut faire évoluer le débat politique, et partant les interventions en aval des projets de loi, reste le niveau des candidats à la députation, aux APW et APC. Il est inconcevable de placer une tête de liste sur la base de l'influence de son argent ou du réseau de ses affaires. Il n'est plus permis d'«importer» des ministres et de les mettre en haut de l'affiche dans des wilayas où il leur est arrivé, un jour, de prendre un café. Il n'est plus possible de proposer aux dix premières places d'une liste partisane des gens au faible niveau d'instruction. La sélection doit être assez rigoureuse pour ne pas être complètement populiste et inféodée aux tenants de l'informel et elle se doit d'être assez pertinente pour permettre un véritable débat sur les idées et l'avenir du pays et non plus sur les privilèges personnels et les primes à percevoir en fin de mandat.