Le sentiment de victoire de Rabat n'aura pas duré longtemps, le temps peut-être pour les pays d'Afrique et du monde arabe, l'Algérie en tête, de mettre une croix définitive sur les monarchies arabes et d'un retour, pour le Maroc, du bâton africain qu'il n'a cessé de faire virevolter ces derniers mois à la face des Sahraouis. Le Sommet afro-arabe qui s'est tenu en Guinée équatoriale a été l'occasion de faire tomber les masques dévoilant la perniciosité de certaines alliances au détriment du droit international. En appelant au retrait des délégations pour cause de la présence des Sahraouis à ce rendez-vous, Mohamed VI n'a eu que l'écho de ses pairs monarques du Golfe qui l'ont suivi, lui qui espérait que certains pays africains, dont il pense qu'il est le bienfaiteur ces dernières années, allaient leur emboîter le pas. Ni retrait ni annulation de la réunion accentuant cette désillusion naissante et ses conséquences sur la place réelle du Maroc en Afrique, lui qui frappe avec insistance aux portes de l'Union africaine. Que nous apprend cet épisode ? Que l'Algérie n'a plus de poids conséquent parmi les monarchies pétrolières malgré tous les discours de réconciliation adressés par Alger en direction de Ryadh. Les Algériens l'ont vraiment mauvaise sur ce coup puisque, dans la semaine, Sellal chantait l'amour que nous portons à des Saoudiens qui n'hésitent pas à planter leur couteau entre nos omoplates à la première occasion. Une lecture simpliste de l'événement mais qui confirme tout le bien que pense le simple citoyen de l'Arabie saoudite. Autre constat, c'est la constance des monarchies du Golfe dans leur soutien indéfectible au Maroc. On se souvient, en effet, qu'en avril dernier, le Conseil de coopération du Golfe (CCG) s'est aligné derrière l'Arabie saoudite sur la «marocanité» du Sahara occidental. Ce sommet des rois, ceux des six pays du CCG et celui du Maroc, consacrait, si besoin est, la position des monarchies du Golfe vis-à-vis de la question du Sahara occidental et sonne comme un défi au droit international. Une légalité piétinée par les Saoudiens connaissant leur pedigree dans la violation des droits de l'homme. Les Al Saoud l'avaient promis et comme juste retour d'ascenseur à l'engagement des 1.500 soldats marocains pour aller combattre au sol contre le Yémen, Ryadh avait décidé d'investir dans les principales villes occupées du Sahara. Dans ses bagages, les capitaux en provenance du Koweït, du Qatar, de Bahreïn et des Emirats. En face, l'Afrique, des présidents que les médias présentent comme de grands corrompus devant l'Eternel et qui ont dit non aux manœuvres du Makhzen malgré l'offensive diplomatique et financière engagée ces trois dernières années par le Maroc pour soudoyer des pays africains et créer une scission parmi les rangs de l'UA. Maintenant, à l'Algérie de reconnaître ses amis et alliés et d'aller à leur rencontre.