«Il existe une régression en matière de droits de l'Homme, en Algérie et dans le monde entier», a indiqué, hier, la présidente d'Amnesty International Algérie', Hassina Oussedik. Cette dernière qui s'exprimait, à l'occasion d'une conférence de presse, organisée au siège de cette organisation, à Alger, déplore «l'absence» de dialogue avec les pouvoirs publics sur un certain nombre de questions liées aux droits de l'Homme, dans notre pays. L'arrestation de certains blogueurs qui ont posté des opinions sur Facbook, en Algérie, est une atteinte aux droits de l'Homme, a dénoncé Hassina Oussedik qui rappelle que la liberté d'expression est consacrée dans la Constitution algérienne. Selon la présidente d' Amnesty International Algérie', la lutte contre l'injustice doit être un «combat personnel» de chaque être humain, peu importe sa fonction. Les «subterfuges sécuritaires ainsi que la lutte contre le terrorisme ne doivent pas constituer un alibi pour porter atteinte aux droits de l'Homme», souligne Mme Oussedik qui appelle, pour le cas de l'Algérie, les pouvoirs publics, à faire des organisations de défense des droits de l'Homme et des journalistes, des partenaires, à part entière, pour lutter contre l'injustice et les dépassements d'où qu'ils viennent. La présidente d' Amnesty international Algérie', s'interroge également, sur les raisons de l'absence de réponse du ministère de l'Intérieur pour ce qui est du dossier de conformité de cette organisation, déposé en 2013, au département de Noureddine Bedoui. «La réglementation algérienne stipule, clairement, que la réponse du ministère devrait intervenir au bout de 90 jours», dira Mme Oussedik qui rappelle, en ce sens, que ce problème ne concerne pas seulement, son organisation mais plusieurs autres associations qui activent en Algérie. Questionnée sur la vague d'arrestations des Subsahariens résidant, clandestinement, en Algérie, la présidente d'Amnesty International Algérie', déplore ces «arrestations massives» en soulignant que parmi les personnes arrêtées et reconduites aux frontières, il y a forcement des réfugiés menacés qui ont quitté leurs pays malgré eux. Mme Oussedik a critiqué, par ailleurs, sévèrement les Etats riches, à l'image des USA ou de certains pays européens dont la France et le Royaume-Uni, de transgresser toutes les conventions signées avec les Nations unies. «En refusant d'accueillir des réfugiés, ces pays n'ont pas assumé leurs responsabilités», s'est élevé la conférencière qui rend hommage à la Jordanie et au Liban pour avoir accueilli plus qu'ils ne pouvaient de réfugiés de la Syrie, un pays en proie, depuis près de 5 ans, à une guerre destructrice, sans précédent. Par ailleurs et à l'occasion de la Journée internationale des droits humains, les militants d'Amnesty International Algérie' se mobilisent, dans le cadre du Marathon des Lettres' «Ecrire pour les Droits», en faveur de personnes emprisonnées, persécutées et torturées pour avoir exprimé leurs opinions. Ils rejoignent, ainsi, des centaines de milliers de personnes, à travers le monde, pour faire signer le maximum de pétitions, en faveur de Shawkan, reporter photographe égyptien, emprisonné pour avoir pris des photos, Eren Keskin, avocate turque qui risque la prison pour avoir dénoncé l'injustice, Edward Snowden, lanceur d'alertes américain, menacé de prison pour avoir révélé les programmes de surveillance de masse, mais aussi Bayram et Gyas, jeune Azerbaidjanais incarcéré pour un graffiti et Ivo, étudiant camerounais qui risque 20 ans de prison pour un SMS. «Des activités seront organisées, dans plus de 20 wilayas, notamment dans les universités, les résidences universitaires et autres lieux publics pour mobiliser et sensibiliser le maximum de personnes», note un communiqué de cette organisation qui explique que «cette année, encore, nous appelons les Algériennes et les Algériens à nous rejoindre, afin d'exprimer leur solidarité et contribuer à changer la vie de ces individus». D'après la même source, en 2015, grâce à une mobilisation dans plus de 200 pays et territoires, Amnesty International' a réussi à récolter plus de 3,7 millions de signatures et messages de solidarité, dont plus de 53.000 en Algérie, et libérer plusieurs personnes notamment Albert Woodfox, emprisonné à l'isolement, depuis plus de 40 ans, aux Etats-Unis.