Le décès du journaliste Mohamed Tamalt, dimanche, en détention depuis juin 2016, continue de susciter de nombreuses réactions, dont celle de la France, qui a exprimé hier, par le biais du ministère des Affaires étrangères, 'sa préoccupation''. 'La France a appris avec préoccupation le décès le 11 décembre du journaliste et blogueur algérien M. Mohamed Tamalt, à la suite d'une grève de la faim'', a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay Romain Nadal lors d'un point de presse, en réponse à une question de journalistes. Il a ajouté que 'la France réitère son attachement à la liberté de la presse et à la liberté d'expression partout dans le monde». La mort de Tamalt a suscité de nombreuses réactions, dont celles d'ONG algériennes des droits de l'Homme, ainsi qu'Amnesty International, qui a demandé qu'une enquête indépendante soit menée pour déterminer les circonstances de sa mort. Saïd Saadi a également dénoncé la détention de Mohamed Tamalt, et montré son étonnement sur les causes du décès du journaliste. 'La mort d'un journaliste est toujours un mauvais présage pour la collectivité nationale en général. Surtout quand la vie ne s'est pas éteinte sur un terrain de guerre où peut conduire ce métier exigeant et périlleux'', dit Saïd Saadi. Officiellement, Mohamed Tamalt est mort des suites d'une 'inflammation pulmonaire'', après un 'AVC'', selon un communiqué de l'Administration pénitentiaire. Celle-ci, dans un communiqué après la mort du journaliste, a expliqué que 'le concerné à été mis en détention le 28 juin 2016 dans la prison d'El Harrach. Il a entamé une grève de la faim et depuis cette date, il a été mis sous surveillance médicale. Il était ausculté chaque jour par le médecin de l'institution qui mesurait sa tension artérielle et sa glycémie.'' Le ministère de la Justice ajoute également que Mohamed Tamalt n'a pas voulu cesser sa grève de la faim malgré l'insistance de ses avocats et de psychologues. Ce qui a provoqué une hypoglycémie justifiant une hospitalisation à l'hôpital de Koléa, puis au CHU de Bab-El Oued. 'Le journaliste a été transféré vers l'hôpital Lamine Debaghine à Bab El Oued où il a été placé en service de réanimation et où il a subi les analyses et les radios, qui ont montré qu'il a eu un accident vasculaire cérébral, ce qui a nécessité une intervention chirurgical en urgence'', ajoute le même communiqué. Et, 'depuis une dizaine de jours, les médecins ont découvert une inflammation pulmonaire qui, visiblement, a contribué à la dégradation de l'état de santé du défunt dans la matinée de dimanche.'' Mohamed Tamalt, qui possédait également la nationalité britannique, animait un blog sulfureux, qui mettait en cause des responsables algériens et leurs familles, suivi par près de 10.000 personnes. Human Rights Watch et Amnesty avaient demandé aux autorités algériennes de libérer le journaliste sans condition et de faire annuler sa condamnation. Après sa mort, Amnesty International a appelé les autorités algériennes à «ouvrir une enquête indépendante, approfondie et transparente sur les circonstances de la mort» du journaliste. Dans la seconde réaction officielle à la mort du journaliste, le gouvernement a réfuté toute responsabilité dans le décès du journaliste. Le ministre de la Justice Tayeb Louh a indiqué hier mardi que ' pour qu'il n'y ait aucune confusion concernant ce décès, l'administration pénitentiaire a diffusé un communiqué qui a été très clair en abordant toutes les étapes depuis la condamnation passant par la prise en charge médicale du défunt jusqu'à sa mort.'' Pour lui, le communiqué de l'administration pénitentiaire 'doit faire taire toutes les interprétations et les tentatives de manipulation autour de cette affaire'', qui relève selon lui 'du domaine médical''. Il a ajouté qu'''une autopsie a été ordonnée par le procureur de la République. Dans tous les cas, un communiqué sera rendu public, comme prévu par la loi'', avant de souligner que la plainte déposée par le frère du journaliste est prise en charge par le procureur. Le frère du journaliste avait remarqué lors de sa visite à la prison de Koléa, des traces rouges sur le front de son frère. Dans un communiqué, la Ligue algérienne de défense des droits humains (LADDH) avait indiqué le 28 septembre dernier que 'lors de son transfert à l'Hôpital, Mohamed Tamalt était dans un état lamentable suite à une grève de la faim ».