Me Amine Sidhoum, avocat du journaliste, affirme que personne n'a eu accès à son dossier médical, rappelant qu'une plainte a été déposée au tribunal de Koléa par la famille Tamalt qui soupçonne des agressions qu'aurait subies le détenu en prison. Le journaliste Mohamed Tamalt, décédé avant-hier matin à l'hôpital Lamine-Debaghine de Bab El-Oued où il était admis après une longue grève de la faim à la prison d'El-Harrach, a été enterré, hier, au cimetière de Bourouba à Alger. Une foule nombreuse a accompagné le défunt à sa dernière demeure. Hormis des journalistes, aucun officiel n'a pris part à l'inhumation du défunt. Idem pour les partis politiques qui ont, eux aussi, brillé par leur absence à l'enterrement. À l'exception d'Ali Laskri qui a conduit une délégation du FFS et du député Tahar Missoum, aucun autre responsable politique n'a assisté à l'inhumation, celle, pourtant, du premier journaliste décédé au cours de sa détention. La grève de la faim, qui a affaibli le défunt jusqu'à la mort, était sa dernière arme et son ultime recours pour dénoncer sa détention. Selon des témoignages recueillis sur place, "il savait que son action allait lui coûter la vie, mais il a préféré mourir ainsi que d'accepter cette injustice", a dit un ami de sa famille. Les révélations sur sa mort "suspecte", susurrent les jeunes du quartier Bachedjerrah 3 où le défunt vivait avec sa famille, n'a pas livré tous ses secrets. Un membre de sa famille a révélé que la dépouille du défunt "était dans un état lamentable". "Ils pouvaient bien le nettoyer lorsqu'il était dans le coma", ajoute-t-il. Me Amine Sidhoum, avocat du journaliste, affirme que personne n'a eu accès à son dossier médical, rappelant qu'une plainte a été déposée au tribunal de Koléa (Tipasa) par la famille Tamalt qui soupçonnaît des agressions qu'aurait subies le détenu en prison. L'avocat ajoute qu'une demande pour "revoir le dossier médical est formulée", dont le but de le réétudier "par des médecins indépendants". Dans le cas contraire, l'avocat annonce qu'une expertise internationale pourrait être sollicitée pour déterminer les circonstances de la mort de Mohamed Tamalt. Il a révélé, aussi, que des ONG, notamment britanniques, ont pris attache avec le ministère des Affaires étrangères quant au décès du journaliste. Me Sidhoum s'est interrogé, par ailleurs, sur "cette demande d'autopsie formulée par le procureur de Koléa, sans l'avis de la famille, alors que le défunt est décédé à l'hôpital de Bab El-Oued". Pour lui, "c'est une remise en cause du communiqué de la direction générale de l'administration pénitentiaire" qui, dans sa réaction, a retracé les péripéties du défunt depuis son emprisonnement jusqu'à son décès, en passant par son hospitalisation. Pour rappel, Mohamed Tamalt a été incarcéré le 27 juin dernier. Il a été condamné à deux ans de prison ferme et une amende de 200 000 DA pour "diffamation et outrage au chef de l'Etat", ainsi que pour "atteinte à l'honneur de personnalités et de leur famille". Malade chronique, le journaliste a entamé, depuis la fin du mois d'août dernier, une grève de la faim illimitée pour protester contre son emprisonnement. Selon des membres de sa famille, Mohamed Tamalt a observé 69 jours de grève de la faim avant d'être transféré, dans un état comateux, vers l'hôpital pour des soins intensifs. C'est justement cette grève de la faim qui l'avait affaibli. Dans les différentes réactions suscitées par la mort du journaliste, les autorités ont été pointées du doigt dans ce précédent qui a vu un journaliste perdre la vie au cours de sa détention. Mohamed Mouloudj