Le froid met à mal le pauvre, en règle générale, mais le cas de la misère des SDF par ces temps où la température descend en dessous de zéro est un drame social des plus émouvants. Par ce temps glacial, la température affichant -2° C la nuit, et le climat ne s'arrangeant guère avec la neige annoncée à partir de la nuit de dimanche 15 janvier, les SDF vivent des jours et des nuits (surtout) très difficiles. «Je ne dors plus depuis quelques nuits, j'essaie de couvrir les petits, les protéger et j'attends le lever du jour avec grande impatience», murmure une femme qui vit avec ses deux enfants dans le hall d'entrée d'un immeuble au Coudiat, un lieu qui semble réunir plusieurs SDF, notamment les femmes qui élisent domicile sous les voûtes des passages trottoirs ou dans les cages d'escaliers. C'est que l'endroit est situé à quelques mètres de la Sûreté de wilaya et personne ne se risquerait à les déranger là, voilà pourquoi le lieu est très prisé par les femmes SDF. La femme avec ses deux enfants, jetée à la rue avec sa progéniture par un mari inhumain, survit grâce à l'aide des habitants et des bienfaiteurs. «Généralement les habitants sont hostiles au squat de l'entrée de l'immeuble par des SDF, mais là on est pétrifié par le spectacle de ces personnes fragiles. On ne peut pas mettre dehors cette femme et ses deux enfants par ce temps glacial, on essaie de lui procurer des couvertures et des repas chauds mais cela ne peut pas remplacer une prise en charge par les services sociaux étatiques ou le mouvement associatif en activité dans ce créneau qui peuvent apporter des solutions durables pour des cas pareils où des femmes sont abandonnées avec leurs enfants, et d'autres SDF qui vivent dans une grande misère», s'indigne un habitant de l'immeuble où vit cette petite famille de trois êtres vulnérables. D'autres femmes, seules, qui font partie du décor dans ce quartier du Coudiat, dorment sur le trottoir et, le matin venu, elles plient leurs affaires, les mettent dans un endroit loin des yeux et partent à la recherche des âmes charitables, mendier leur nourriture. Bien sûr, des SDF on en trouve dans tous les coins du centre-ville, près des restaurants et dans les gares routières. Un plan d'urgence pour les prendre en charge par ce temps hivernal ? Quelques jeunes d'une association caritative distribuent des repas chauds aux SDF répertoriés, des aides par-ci par-là, mais aucune action d'envergure pour leur éviter les souffrances d'un hiver rigoureux. Il y a bien un centre d'hébergement, en l'occurrence Diar Errahma, situé à Djebel El Ouahch et spécialement réservé pour les SDF, mais ces derniers sont horrifiés par cet endroit (!?). Tous confient qu'ils «préfèrent dormir dehors que d'aller passer une nuit à Diar Errahma». Sans lancer d'accusations gratuites dans un sens ou un autre, on se doit d'écouter les concernés, voir ce qui les répugne d'aller dans cet endroit afin d'améliorer les choses et rendre le séjour acceptable, du moins comme ils le souhaitent, c'est un lieu qui leur est réservé, non ? Sans oublier également ces réfugiés subsahariens qui subissent durement la détérioration du climat. Ces derniers, qui arrivent en grand nombre ces derniers jours dans les villes, sont mieux organisés que les locaux car vivant en communauté, dans des endroits aménagés par eux-mêmes, mais ils restent quand même exposés aux rudes épreuves du froid, surtout pour les petits, de jour comme de nuit. Le mécanisme d'aide et de soutien aux SDF est plus que jamais revendiqué, pas uniquement du côté de l'Etat mais aussi auprès des associations en activité dans l'humanitaire.