Les années passent sans que des solutions adéquates ne soient trouvées pour cette catégorie de personnes : les sans-abri. Ces derniers jours, des centaines d'êtres humains ont affronté le froid glacial et les chutes de pluie et de neige. En l'absence d'une prise en charge réelle, un certain nombre de ces personnes ont été secourues juste pour un coup de «pub», a déclaré un élu. Ces derniers jours, les services du Samu ont organisé des sorties nocturnes à travers certains boulevards d'Alger. 237 sans-abri, 120 hommes, 109 femmes et 8 enfants, ont été secourus et orientés vers des centres et cliniques spécialisés où ils ont bénéficié d'examens psychiatriques, alors que d'autres ont été réintégrées au sein de leurs familles, a indiqué un responsable du Samu. Ce dernier a ajouté que les personnes en question ont regagné leurs familles. La question qui mérite d'être posée est la suivante : si ces personnes ont de la famille ou des proches parents, pourquoi elles sont dehors alors ? La réalité est tout autre, nous a indiqué un bénévole, ces personnes secourues par le Samu dans la nuit retrouveront la rue dès le lever du jour. Le Samu qui n'est qu'un centre de transit ne peut pas héberger ces personnes. Seuls quelques SDF seront orientés vers les centres d'hébergement de Sidi Moussa ou Bab Ezzouar. Les cas sont plus compliqués pour les familles avec enfants, les centres n'acceptent pas d'héberger les couples, obligés qu'ils sont de les séparer. C'est pour ces raisons que la majorité des sans-abri refusent d'être pris en charge. Selon un responsable du Samu, les équipes ont distribué quelque 1 200 repas chauds, 500 couvertures, 250 bonnets et 250 paires de gants. Ces centaines d'êtres humains vivent dans des conditions épouvantables et inhumaines à la merci du froid glacial et des mauvaises conditions atmosphériques. Ils dorment sur des cartons, mangent sur les trottoirs et font leurs besoins à l'air libre. Hommes, femmes et enfants habitent la rue et affrontent des bandes de malfaiteurs. En une seule expression, ces personnes vivent dans la misère la plus extrême. Si certaines familles habitent la rue, certaines autres ont fait des carcasses des vieilles voitures des chambres à coucher et des salles à manger. Abattues par le désespoir, ces êtres humains ont déclaré qu'ils maudissent le jour où ils sont nés et souhaitent quitter ce monde qu'il n'ont pas choisi. « st-il normal que nous habitions la rue alors que les lois de la République nous donnent le droit d'avoir un logement ?» a déclaré à la presse une femme assise sur un carton. Cette femme et plusieurs autres à ses côtés ont expliqué que la loi en vigueur leur donne le droit de bénéficier d'un logement et d'un travail, en vain. «Indépendamment de la loi et du droit du citoyen, nous devrions être en principe pris en charge, ne serait ce qu'à titre humanitaire», ont-elles martelé. Comment peut-on expliquer que des femmes et des enfants sont délaissés, abandonnés sans l'aide de personne ? Quelle justification peut-on recevoir lorsque des êtres humains dorment sur des cartons à la belle étoile alors que la température affiche -15°C ? En plus de la vague de froid et des chutes de neige, ces femmes et enfants demeurent la cible des voyous et des malfaiteurs. Des dizaines de femmes ont été violées par des inconnus qui profitent de leur malheur et de leur exclusion sociale. Même des SDF souffrant de troubles psychologiques n'ont pas échappé aux agressions physiques et sexuelles perpétrées par des individus sans foi ni loi. Lorsque nous constatons que des femmes malades mentales et SDF sont enceintes, nous restons bouche bée et nous ne pouvons faire aucun commentaire à ce sujet. Exagère-t-on si nous disions que le fait de ne pas porter secours à ces personnes en difficulté pourrait être considéré comme une atteinte aux droits de l'Homme ? Exagère-t-on également si nous disions que les lois internationales considèrent la non-prise en charge de ces individus comme étant une non-assistance à personne en danger ? Plusieurs questions méritent d'être posées à ce sujet : que font les services sociaux et les commis de l'Etat et pourquoi sont-ils payés alors ? Où sont passés les membres du conseil communal et de l'Assemblée populaire de wilaya et pour quel but ont-ils été élus ? Où sont les responsables du Croissant-Rouge ? Quelle est la mission des organisations caritatives et des associations humanitaires, et pour quel but ont-elles étaient fondées? Quel que soit les réponses, la prise en charge de ces pauvres est indispensable, car ce sont des Algériens à part entière et ils ont le droit de vivre dans la dignité.