Oran a été le point fort de la campagne de marketing politique axée sur le thème du logement menée par Abdelmadjid Teboune au nom et au compte de l'Etat. En cette ville-chantier «bon élève» en matière d'exécution des programmes de logement, toutes versions confondues, le ministre de l'Habitat a eu à plaider sur pièces et sur place l'indéfectibilité de l'engagement des pouvoirs publics par rapport au logement. A chaque point de son programme de visite à Oran, qu'il s'agissait d'une remise de clés, d'une pose de la première pierre d'un projet ou bien d'une présentation du plan d'aménagement du nouveau pôle urbain d'Oran, le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, ne ratait pas l'occasion pour faire de la publicité politique pour le programme du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans le registre du logement et du développement urbain, qui «a permis à l'Algérie de réaliser plus de 3 millions d'unités, entre 1999 et 2016, bilan sans égal ni équivalent à travers le monde entier». «Je défie quiconque de citer un seul pays à travers les cinq continents, qu'il soit développé, émergent, sous-développé, riche, pauvre ayant réalisé autant de logements et ayant à son actif un programme aussi consistant que celui de l'Algérie. Il est clair, sauf pour un aveugle, que notre pays est unique en son genre en matière de logement et de programme d'habitat en général», a déclaré M. Teboune lors d'une cérémonie de remise de clés de 2.500 logements de la formule location-vente, la première vague du programme AADL 2, dans un site à Es-Senia. «L'Algérie est en avance de 15 ans par rapport au programme ONU-Habitat grâce au programme du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. En particulier, par rapport à l'objectif d'éradication des bidonvilles, nous sommes en avance de 15 ans par rapport au nouvel agenda urbain contenu dans la Déclaration de Quito, qui s'inscrit dans le cadre du programme de développement durable à l'horizon 2030. 3 millions de logements et une avance de 15 ans sur «ONU-Habitat» La politique suivie par l'Algérie depuis les années 2000, qui vise à garantir un logement décent à un plus grand nombre possible de citoyens, dans un environnement doté de toutes les infrastructures nécessaires, a permis de mettre en place des programmes de logement ayant réduit le déficit à près de 400.000 unités seulement, et vers l'année 2018, l'Algérie compte résorber entièrement ce manque et mettre un terme à la crise du logement», a également affirmé le ministre de l'Habitat dans l'intervalle entre la séance matinale et celle d'après-midi de son programme de visite et d'inspection effectuée jeudi à Oran. Dans une brève allocution prononcée à l'occasion de la remise des clés au profit de 2.000 souscripteurs du programme de logement promotionnel public, sur le site de 4000 unités LPP situé près du Hayat Regency, le ministre évoquera ce hadith du Prophète : «Celui qui ne remercie pas les gens ne remercie pas Allah» pour faire grief d'ingratitude et de manquement au devoir moral de reconnaissance contre ceux qui crachent dans la soupe. Premier point de la tournée du ministre de l'Habitat, le site de 2.500 logements AADL, situé sur le tronçon du boulevard périphérique n°4 reliant Es-Senia à Aïn El-Beida, faisant partie d'un programme de 15.000 unités en cours de livraison, pour un lot, ou en voie d'achèvement, pour l'autre lot. Après la remise des clés à un «échantillon» de ces 2.500 souscripteurs, qui prenaient leur mal en patience depuis 2001-2002, le ministre s'est rendu au pôle urbain en devenir, situé à cheval sur les trois communes d'Oran, Misserghine et Es-Senia. S'étendant sur plus de 1.300 hectares, ce pôle dont l'étude du POS, à elle seule, a nécessité une enveloppe de 400 millions de DA, est appelée à accueillir une population de 250.000 âmes, à la faveur d'un paquet global de 50.000 logements, dont 10.000 de la formule location-vente relevant du quota supplémentaire de 13.000 unités AADL accordé à la wilaya d'Oran. Outre les structures d'accompagnement, le plan d'occupation des sols a quasiment tout prévu en matière d'équipements structurants : un hyper-centre d'affaires, quatre parcs jardins, un parc d'attraction, un parc aquatique, un parc zoologique, un complexe sportif, un cyber-parc, 2 tours d'affaires, quatre gares routières et une zone d'investissement. Mieux, des investisseurs dont les dossiers techniques ont été déjà validés sont sur le point de passer à l'acte de réalisation. Nouveaux pôles urbains : s'aligner sur le modèle Sidi Abdallah Visiblement convaincu par la pertinence, le degré de maturation et le respect des normes urbanistiques de la ville moderne dans le cas de ce pôle intégré, le ministre de l'Habitat, a exhorté les responsables du projet, sous les commandes du chef de l'exécutif local, à «s'inspirer encore davantage de la ville nouvelle de Sidi Abdallah, qui est un modèle de ville moderne et d'organisation urbanistique harmonieuse sur lequel nous voulons calquer tous nos nouveaux pôles». «Certes, a-t-il dit, nous nous concentrons sur ce cas d'espèce de ville intelligente et intégrée, mais le but est d'offrir un prototype grandeur nature pour sortir de la théorie et, surtout, ne pas retomber dans les erreurs des cités-dortoirs». A cet effet, l'une des règles prescrites par le ministre de l'Habitat est d'éviter cet éventuel mauvais clonage : «En aucun cas et sous aucun prétexte, la partie logements ne doit dépasser les 25% de la superficie du pôle. Il ne faut pas voir les choses sous l'angle étroit et réducteur du portefeuille foncier». La cérémonie de remise des clés d'une première tranche du LPP, consistant en 2000 logements, soit la moitié du programme en cours de réalisation à Oran, Abdelmadjid Teboune a voulu en faire a priori plus qu'un acte de promotion politique. Il s'en est servi plutôt comme d'une tribune pour discréditer, diaboliser même, «les semeurs d'intox qui, à de sombres desseins, désinformaient les gens, y compris par la diffusion via les réseaux sociaux de photos de logements LPA inachevés en les présentant en tant que produit LPP, pour décrédibiliser cette formule et répandre la zizanie parmi les postulants». Et apparemment, L'ambiance festive qui était de mise, aussi bien avant et durant la cérémonie tenue sous le gros chapiteau blanc déployé pour la circonstance, que lors d'une virée -avec bain de foule- à travers un appartement-témoin de cette nouvelle cité résidentielle LPP, ont eu leurs effets comme faits et preuves matérielles au crédit du LPP version Teboune. Cité de la mer : projet de 16.000 milliards dont 50% de fonds qataris Point suivant, Haï Akid Lotfi, précisément le site faisant face au jardin citadin, non loin de l'hôtel Méridien. Là, sur cet immense terrain nu de 15 hectares à très forte valeur foncière, source de toutes les convoitises immobilières, et de toutes les rumeurs aussi, on peut dire au moins que les Oranais sont enfin «fixés». C'est un investissement public-privé qui a été officiellement validé. Il consiste en une promotion immobilière de grand standing composée de 18 tours à usage d'habitation, entre R+18 et R+29, d'un centre commercial et d'annexes, dont 18 piscines, 3 crèches, 3 salles de sports, un parking en sous-sol de 5.000 véhicules en surface. Son promoteur et maître d'ouvrage, EPA/SPA nommé EPITH, une entreprise de partenariat entre la Société d'investissement hôtelier (SIH) et de l'Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI), à concurrence de 60% et 40% respectivement, lui a trouvé un nom, certes, tout près du lieu d'emplacement, mais un peu tiré par les cheveux tout de même «Cité de la mer». Programme LPA : la fin Le montant de l'investissement est astronomique, 160 milliards de DA. Il est réparti sur 25% de fonds propres, 25% vente sur plan (VSP) et 50% crédit bancaire. Au cours de la séance de présentation qui a été suivie par la pose de la première pierre par M. Teboune, les promoteurs du projet ont expliqué au ministre que «nous attendions l'arrivée des nos partenaires Qataris qui vont nous rejoindre dans ce projet». Lors d'un point de presse en marge de la visite, le ministre de l'Habitat a indiqué, en réponse à une question d'un journaliste sur le devenir du programme LPA et de son ancêtre le LSP, «que le LPA tout comme le LSP ne resteront plus et seront purement et simplement annulés». Il a expliqué que «ces formules sont venus après l'arrêt provisoire de l'AADL en 2003. Cette formule de location-vente étant revenue, le LPA et le LSP n'ont plus raison d'être désormais». L'on retient des éclaircissements d'un cadre central du département de Teboune que les projets LPA non encore lancés devront basculer vers l'AADL ou le LPP. Quant aux projets du logement public aidé déjà engagés, ils se poursuivent de manière normale.