Entre un marché national qui peine à s'installer, une main d'œuvre qui se fait rare et une concurrence déloyale sur le marché international, l'oléiculture perd le nord. Bien que le ministère de l'Agriculture encourage l'investissement dans cette filière, les producteurs de l'huile d'olive à l'Ouest parlent de temps durs en absence d'une politique sérieuse pour faire de l'huile d'olive algérienne une huile très conquise sur le marché international. Au Salon international de l'agriculture, inauguré mercredi dernier au Centre des conventions d'Oran (CCO) et qui s'étalera jusqu'au 28 janvier, quelques producteurs de l'huile d'olive seulement ont participé à cette manifestation économique qui représente une opportunité de faire connaître un produit. L'huile d'olive proposée entre 700 et 750 DA, raconte, en fait son histoire sur le marché. M.Chiali, producteur d'huile d'olive à Aïn Larbaâ, wilaya de Témouchent, rencontré à AGRI PRO, estime que ce marché est livré à lui-même. Ce qui a laissé grandes ouvertes les portes de la spéculation et de la contrefaçon. Pour ce producteur qui s'est lancée dans cette filière en 2003, l'oléiculture souffre de trois problèmes majeurs, l'absence de main d'œuvre pour la cueillette des olives, la multiplication des intermédiaires dans la vente de l'olive et la concurrence déloyale dans le marché international. L'olivaison est un métier qui n'attire pas les jeunes. Les oléiculteurs ne trouvent pas la main d'œuvre suffisante pour la cueillette de la récolte. Selon ce producteur d'huile d'olive, le prix de l'olive a augmenté par rapport au prix de la cueillette qui a atteint les 500 DA le panier. De plus, les équipements conçus pour faire ce travail ne sont pas disponibles. Ce qui accentue davantage le problème. De la cueillette, il faut passer à la vente de la récolte et là, la machine grince également. Avant l'arrivée de la récolte aux producteurs de l'huile d'olive, elle passe entre plusieurs mains, nous confie M.Chiali. Les intermédiaires dans cette filière sont devenus nombreux au point où le prix de l'olive démarre à 30 DA pour atteindre les 85 DA chez le producteur. «C'est une spéculation à grande échelle qui se répercute négativement sur le prix de l'huile d'olive», a souligné ce producteur. Une fois cette étape dépassée, l'olive rentre dans sa phase d'extraction de l'huile d'olive et sa commercialisation sur le marché national. Malgré sa qualité reconnue mondialement, l'huile d'olive algérienne rencontre des difficultés à s'imposer face à sa consœur étrangère et face à l'huile frelatée qui envahit le marché. M.Chiali nous a expliqué que «Certains de nos clients achètent 200 litres d'huile d'olive pour la mélanger avec d'autres produits. Résultat, la quantité augmente jusqu'à 600 litres. Ce qui diminue considérablement de la qualité du produit. L'huile d'olive en concurrence avec l'huile de grignon Autre astuce, nous confie le même producteur, et cette fois-ci, elle concerne l'huile d'olive importée. M. Chiali révèle que cette huile n'est pas une huile d'olive. Il dira, «je suis sûr à 90% que l'huile importée n'est pas une huile d'olive mais une huile des grignons. Le grignon est le déchet qui reste après extraction de l'huile de l'olive. Ils font exploser les cellules de l'olive avec un produit chimique pour la récupération du 3% du résidu de l'huile. Mais conformément à la règlementation, ces producteurs étrangers n'ont pas le droit d'appeler ce produit huile d'olive et le consommateur ne fait pas la différence. Il faut des laboratoires pour faire les analyses et le contrôle». Pour organiser ce marché, ce producteur estime que les pouvoirs publics doivent s'impliquer pour mettre fin à cette anarchie et pour permettre aux producteurs de créer un centre des prix pour réguler le marché et rendre cette huile locale à la portée de tous les citoyens.