L'interdiction de l'importation des agrumes et légumes frais durant la période de récolte est effective depuis le 23 janvier dernier, date de l'émission d'une note de la Banque d'Algérie (BA) à l'adresse des banques et institutions financières de surseoir aux domiciliations bancaires des opérations d'importation de ces produits agricoles. Cette «suspension immédiate» répond à la décision d'interdiction prise, le 22 janvier dernier, par le ministère du Commerce, représenté par intérim par le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, qui avait donné des instructions pour l'interdiction de l'importation de toute sorte d'agrumes durant la période de récolte «quelle qu'en soit l'origine». Intervenant lors d'une réunion de coordination élargie au ministère du Commerce, Tebboune a insisté sur la nécessité de réduire la facture des importations vu la disponibilité de produits locaux de même qualité. «Les Présidents-directeurs généraux et les Directeurs généraux des banques et établissements financiers sont priés de veiller à une application rigoureuse de cette note», a précisé la BA. Le ministre du Commerce par intérim a également évoqué les autres produits importés, notamment les articles électroménagers, électroniques et autres produits de large consommation, insistant sur l'obligation de fixer des normes rigoureuses les concernant. Il a accordé un délai d'un mois pour définir ces normes qui devront être appliquées à l'avenir en matière d'importation. Cette interdiction d'importation des produits agricoles en période de récolte devra certainement influer sur les prix au détail. Mais dans quelle mesure, elles vont impacter la mercuriale et surtout dans quelle direction ? Ce sont les interrogations des ménages algériens qui devront faire face aux conséquences de cette décision, salutaire, à première vue mais qui peut avoir son effet contraire. En effet, le monopole de fait des producteurs locaux peut se répercuter sur les prix des produits touchés par l'interdiction de Tebboune qui ont déjà pris la tangente après l'entrée en vigueur de la loi de finances 2017. Les produits agricoles localement produits ont connu une hausse de prix inimaginable aux côtés de ceux de l'importation. Que ce soit les pommes, les agrumes, les pêches ou les poires, ils sont devenus inaccessibles pour la grande majorité des familles et les prix risquent de s'envoler davantage en l'absence de toute concurrence. L'Algérie veut réduire ses factures des importations inutiles et superflues alors que le pays a toujours toléré une politique inadaptée en termes de commerce. A titre illustratif, sur les dix premiers mois de 2016, il a été importé pour 139,4 millions de dollars de bananes (contre 141,6 millions sur la même période de 2015), et pour 50,95 millions de dollars de pommes (contre 85,2 millions). 34 millions de dollars ont été dépensés pour les amandes, durant la même période, ainsi que 17,3 millions de dollars de raisins secs, 5,2 millions de dollars d'abricots secs, 10,15 millions de dollars de pruneaux secs et 19,3 millions de dollars d'ail.