C'est dans un contexte social et économique tendu que devraient se dérouler les prochaines élections législatives. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a convoqué jeudi le corps électoral pour l'élection des membres de l'Assemblée populaire nationale (APN), le jeudi 4 mai 2017, indique un communiqué de la présidence de la République. Le président a signé jeudi le décret portant convocation du corps électoral pour l'élection des membres de l'Assemblée populaire nationale. Le même décret a fixé la période du 8 au 22 février 2017 pour la révision exceptionnelle des listes électorales. Le suspense est dès lors levé sur la date officielle de cette consultation, qui mobilise déjà les états-majors des partis, l'administration, mais guère l'électorat, englué dans une crise sociale aiguë, alors que sur le plan économique le pays traverse une période difficile marquée par une contraction des dépenses à la suite d'une baisse drastique des recettes pétrolières et la hausse des déficits. La désignation de la date des élections législatives va donc libérer les partis politiques qui ont déjà annoncé leur participation, alors que l'administration a déjà procédé à la désignation et l'installation d'une commission indépendante de surveillance des élections. Si les partis proches du pouvoir, le FLN et le RND, et les partis satellites sont partants avec des stratégies connues, les autres d'opposition ont tous annoncé leur participation, hormis 'Talaie El-Houriet'' d'Ali Benflis et 'Jil Jadid'' de Sofiane Djillali. Ces deux partis ont motivé leur boycott par la crainte de 'fraude électorale''. Pour autant, le FFS, le RCD et le PT, fers de lance de l'opposition, ont annoncé qu'ils vont participer à ces législatives, même s'ils restent suspicieux quant à la régularité de cette consultation. Les partis de la mouvance islamique ont annoncé qu'ils ne vont pas partir 'chacun de son côté'', mais en formant des alliances stratégiques, et même des retrouvailles. Ainsi, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et le Front du changement (FD) d'Abdelmadjid Menasra ont fusionné. Le Front pour la justice et le développement (FJD) de Abdallah Djaballah et le parti qu'il avait créé et mené actuellement par Mohamed Dhouibi ont convenu d'une 'alliance stratégique d'intégration''. Ces alliances au sein des partis islamiques vont permettre de présenter des listes communes à ces législatives et augmenter le poids des candidatures. Dans la périphérie des partis du pouvoir et d'opposition, il y a les autres partis, qui constituent le gros des troupes, emmenés notamment par TAJ de Amar Ghoul ou le MPA de Amara Benyounès, deux formations proches du pouvoir. L'enjeu pour les petits partis est, bien sûr, de décrocher un ou deux sièges, sinon ils risquent de disparaître, la nouvelle loi électorale exigeant un taux de vote de 4% pour participer aux prochaines consultations électorales. Mais, la grande inconnue reste la transparence de ces élections. Ali Benflis et le RCD avaient dénoncé ce 'risque'' de fraude. Le RCD, lors de la dernière réunion de son secrétariat national, avait prévenu contre 'les velléités de constituer des réservoirs de voix en utilisant des listes transmises par l'Armée et les services de sécurité dans différentes régions du pays''. Pour Talaie El-Houriet, une 'manipulation des listes électorales sans possibilité de contrôle est probable'' à travers le 'gonflement exagéré'' de ce même corps électoral. Pour autant, l'administration assure que ces législatives seront transparentes et propres. Elles seront supervisées et surveillées par la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), instituée par la nouvelle Constitution. Lors de l'installation officielle de cette instance, le 22 janvier dernier, son président, Abdelawahab Derbal, avait affirmé sa «ferme détermination» à organiser des élections «propres, dans la sérénité et le respect des lois de la République». Il a cependant affirmé que «le succès de tout rendez-vous électoral est tributaire de la participation des citoyens», avant de souligner la neutralité de son Instance, même si elle a été mise en place et ses membres désignés par la présidence. La remarque de M. Derbal sur la participation des électeurs à cette consultation est en fait l'autre enjeu de ces législatives, car les observateurs estiment que cette fois-ci encore le taux de participation sera faible. En 2012, alors que le prix du baril de pétrole était à plus de 100 dollars et l'économie nationale croulait sous les excédents, le taux de participation aux législatives organisées cette année-là n'était officiellement que de 42,36% pour 21 millions d'électeurs. Pour les élections législatives de mai 2017, qui vont se dérouler dans un environnement économique marqué par une hausse de l'inflation, une augmentation du chômage et le recul du niveau de vie, le tout dans un marasme social que n'arrive pas à gérer le gouvernement, la participation est déjà perçue comme un gage de réussite de cette consultation. D'autant que les partis d'opposition, même participant à ces élections, restent prudents et manifestent des craintes quant à la gestion du fichier électoral, où l'impartialité de la Haute instance indépendante de surveillance des élections, mise en place par l'administration, sera mise à rude épreuve. Les élections législatives de 2012 avaient été remportées par le FLN, suivi du RND. Les deux ont eu la majorité absolue.