153 députés et sénateurs français ont adressé une lettre au président François Hollande lui demandant la reconnaissance par l'Etat français d'un Etat palestinien. Les signataires estiment qu'en procédant à cette reconnaissance, le chef de l'Etat mettrait ses déclarations passées sur la question palestinienne en accord avec ses actes. Pour rappel, en 2012 François Hollande, en course pour la présidentielle française, avait inclus dans ses engagements électoraux la reconnaissance de l'Etat palestinien. Elu chef de l'Etat, il n'a pas mis sa promesse à exécution même après que l'Assemblée nationale française, suivie par le sénat, a voté en décembre dernier, à une large majorité, une motion en faveur de la reconnaissance de la Palestine. La relance que constitue la lettre des 153 parlementaires a été faite à bon escient, car initiée à un moment où il est désormais évident pour tous qu'Israël est désormais dans le refus franchement exprimé de la solution à deux Etats en tant que règlement du conflit israélo-palestinien. François Hollande, dont le mandat présidentiel s'achève, n'a pas officiellement renié sa promesse mais a repoussé sa concrétisation en prétextant qu'il s'y résoudrait quand il constaterait que la France n'aura d'autre choix sur la question palestinienne que la reconnaissance de l'Etat palestinien. Il ne peut prétendre qu'elle n'en soit pas là après que les conférences internationales sur la Palestine dont elle a été à l'initiative n'ont pas permis la reprise des négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens. La responsabilité de l'impasse est le fait de l'Etat sioniste, ce dont François Hollande a lui-même convenu et dénoncé. Ce qui ne semble pourtant pas lui faire obligation de mettre en accord «ses déclarations passées avec ses actes» comme s'empressent de le faire les parlementaires français. L'on doute que le chef de l'Etat français saute le pas et prendra la décision demandée. Ce n'est pas en effet en président déterminé à dire son fait à l'Etat sioniste coupable de ne pas être respectueux du droit international que François Hollande a récemment pris part au dîner annuel du CRIF, mais en personnalité politique empressée de réitérer son soutien inconditionnel à Israël. Même s'il a fait la promesse de reconnaître l'Etat palestinien, François Hollande a reculé devant cette perspective dès lors qu'il savait qu'elle aurait des implications créant de sérieuses difficultés au plan international à l'Etat sioniste. Durant tout son mandat il s'est limité sur la question à réfréner l'insistance des Palestiniens à la mettre au cœur des relations franco-palestiniennes en prodiguant à ces derniers d'illusoires promesses sous la forme d'initiatives diplomatiques françaises aussitôt arrêtées quand Israël haussait le ton et les fustigeait en tant qu'opérations dangereuses pour sa sécurité nationale et la France comme coupable de verser dans l'israélophobie et l'antisémitisme. Accusations tétanisantes pour un président français qui estime que l'opposition à la politique de l'Etat sioniste n'est rien d'autre que de l'antisémitisme.