Le Premier ministre français, Bernard Cazeneuve a défendu le bilan de la coopération politique et économique entre la France et l'Algérie, durant ces cinq dernières années. Il a affirmé lors d'une conférence de presse, tenue conjointement avec le Premier ministre, Abedelmallek Sellal, jeudi dernier au Palais de gouvernement que : «le niveau d'investissement annuel français, en Algérie, est estimé à 2 milliards de dollars» et de préciser que «pas moins de 450 entreprises françaises sont déjà implantées, en Algérie, ce qui a permis la création de 40.000 postes d'emploi». Le Premier ministre Abdelmalek Sellal, n'a pas nié, pour sa part, l'évolution positive des relations bilatérales entre les deux pays, notamment depuis la visite du président français François Hollande, en Algérie. Mais, il a, tout de même, exprimé son inquiétude et celle du gouvernement, quant à la tendance baissière des investissements français, en Algérie, durant les trois dernières années. «Une situation qui est en contradiction, par rapport à notre ambition commune de partenariat stratégique, singulièrement dans le secteur industriel», précise-t-il. La visite du premier ministre français a été couronnée, ce jeudi, par la signature de dix accords. Entre autres, des accords pour la construction d'une usine de production de mayonnaise, pour la construction d'une usine de transformation de graines de soja et un autre accord pour la création d'une usine de production de levure et des produits dérivés. Certes, les investissements dans le secteur agroalimentaire seraient profitables à l'Algérie, mais le gouvernement algérien réclame plus, il plaide pour des investissements stratégiques, entre les deux pays qui répond aux exigences de l'étape actuelle et au niveau des relations bilatérales, entre la France et l'Algérie. M. Sellal a sollicité les Français pour développer des partenariats, dans des projets stratégiques, dans le domaine des énergies renouvelables et dans le domaine de la pétrochimie. Et d'insister : «Nous avons déjà lancé des appels d'offres pour des projets, dans le domaine des énergies renouvelables», avant de préciser que l'Algérie ambitionne de transformer le gaz brut, en produits finis ou en intermédiaires pour la chimie. Pour Sellal, rien ne peut empêcher, actuellement, les deux parties, algérienne et française, à se lancer dans cette aventure économique. Et de préciser qu'heureusement la majorité des contentieux, qui bloquaient les relations entre l'Algérie et la France, ont été réglés. Il a cité dans ce sens, les contentieux opposant Sonatrach et Engie et Total. Il est vrai dit-il, que les IDE français, en Algérie, demeurent les premiers, citant les 500 entreprises françaises implantées et en évoquant, en Algérie les projets de Renault Algérie, Lafarge, Total, Sanofi et le reste, mais Alger est pour des projets stratégiques qui créent de la valeur ajoutée, signifie-t-il à son homologue français. Le Premier ministre français Bernard Cazeneuve a tenu à rassurer la partie algérienne, sur la concrétisation d'autres investissements français, quels que soient les résultats de la présidentielle française. M. Sellal a, à son tour, affirmé que l'Algérie travaillera avec le président qui sera élu par le peuple français. «On souhaitera l'élection d'un président qui sera proche du cœur des Algériens», a-t-il dit pour fermer la parenthèse. Le projet Peugeot PSA est prévu au cours de cette année Abdelmalek Sellal a affirmé, devant la presse algérienne et française, notamment devant son homologue français que «l'industrie automobile, en Algérie, est quelque-chose de nouveau pour nous». Et d'ajouter : «Nous comptons beaucoup sur la France pour le développement de cette filière». Il décortique, en affirmant qu'on a commencé avec deux projets : le projet Renault à Oran, et le projet Mercedes à Tiaret. En ce qui concerne le projet Peugeot, Abdelmalek Sellal a affirmé que le dossier est presque finalisé et que son lancement est prévu, au cours de cette année. «Je vous le confirme effectivement, ce projet verra le jour, au cours de cette année», a-t-il affirmé. Tout en se réjouissant de l'augmentation de la capacité de production de Renault, en Algérie, qui est passé de 20.000 à 60.000 véhicules, par an, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a évoqué le rééquilibrage de la filière automobile par le gouvernement. La polémique, née après la diffusion sur Facebook, de photos de véhicules Hyundai de l'usine de montage Tahkout', qui auraient été importés, assemblés, a poussé le gouvernement à revoir sa copie sur la politique de l'assemblage des véhicules, en Algérie. C'est ce qu'a été confirmé, ce jeudi, par Abdelmalek Sellal annonçant un éventuel recalibrage de la filière. «On est en phase d'analyser la situation pour mettre de l'ordre dans le secteur de l'industrie automobile». Il a affirmé qu'il ne suffit pas de ramener des véhicules en pièces détachées et de les monter, en Algérie, pour inonder le marché. Il faut produire pour répondre aux besoins sur le marché algérien, et pour répondre, également, aux besoins du marché africain. Il a mis l'accent sur la nécessité de penser davantage à l'exportation des véhicules vers le continent africain, en affirmant que «la transsaharienne est en phase de finalisation », un atout pour les producteurs et les exportateurs. Licence d'importation : «aucun problème avec nos partenaires» Interrogés par les journalistes sur les critiques formulées par l'Union européenne, sur l'institution du régime des licences d'importation, par le gouvernement algérien, M. Sellal confirme qu'on n'a aucun problème avec nos partenaires «Nous n'avons aucun problème ni avec l'UE , ni avec la France, ni avec d'autres partenaires», dit-il. Abdelmalek Sellal a tenu à s'exprimer sur la question, en affirmant que la licence d'importation est une loi qui a été instaurée et qui est conforme aux règles internationales. Et de souligner que l'objectif est de restreindre quelques importations. «On n'a pas pris cette décision pour arrêter les importations, chose qu'on ne pourra jamais faire. On a été, seulement obligé, de revoir nos importations, en raison de déséquilibre de la balance de paiement». Il confirme, sur la base de chiffres, qu'il s'agit, seulement, de 25 produits soumis aux licences d'importations sur l'ensemble des produits importés. Et d'affirmer que «selon nos capacités, on devait réduire nos importations. On était à 61 milliards d'importations, on est tenu à les ramener à 35 ou 40 milliards de dollars, quelle que soit l'évolution du prix du baril». Le Premier ministre a indiqué, dans ce sens, que l'Algérie a pu résister à la crise financière, engendrée par l'effondrement des prix du pétrole, depuis 3 ans. Et d'insister : «on continuera à résister. On ne retournera pas à l'endettement». Pour sa part, Bernard Cazeneuve a estimé que la limitation des importations, par l'Algérie, est une préoccupation «normale» et une préoccupation «saine» de la part d'un pays qui veut diversifier et développer son économie. Mais, le Premier ministre français nuance, en affirmant que les opérateurs économiques étrangers doivent disposer des éléments de visibilité et transparence, par rapport aux règles qui sont susceptibles d'être souveraines, pour l'Algérie, dans le respect de l'accord d'association avec l'Union européenne. Sur ce sujet «on est dans une relation de confiance, relation équilibrée et une relation de franchise qui ne perd, en rien, d'avoir la qualité bilatérale». Le processus de la restitution des Archives est engagé Sur la question de la restitution des Archives, le Premier ministre français a affirmé que sur ce sujet précis et sur d'autres sujets sensibles, «nous avons une volonté commune, c'est d'avoir des démarches qui rapprochent, des propos qui apaisent et la sensibilité dont la manière de traitement de sujets entre nous». Et de poursuivre : «quand je dis la sensibilité, j'entends, par là, le respect». Il a précisé qu'il y a, désormais, une excellente collaboration entre les deux pays, sur la question des archives. En ce qui concerne les archives de la période coloniale, les archives dites de gestion de 1962 et des archives dites de souveraineté que la France a conservées, «elles sont désormais accessibles, puisque les délais de 50 ans, durant lesquels elles devaient être consultées ont expiré». Il dira que c'était un processus qui a été engagé, c'est un processus qui est abordé, en toute franchise et en toute transparence. «C'est Bouteflika qui dirige le pays» Sans être interrogé par les journalistes algériens et français sur qui dirige le pays ou sur l'état de santé du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, M. Sellal a tenu à faire des précisions devant l'assistance. «Il faut savoir, une fois pour toutes, que ce pays est dirigé et qu'il y a quelqu'un à la barre qui s'appelle le Président Abdelaziz Bouteflika». Et de poursuivre : «je ne fais rien sans lui demander, je ne décide pas sans lui». Pour Abdelmalek Sellal «l'Algérie est un pays qui avance et qui s'est, beaucoup, rapproché de la France, de son gouvernement et de son peuple, nous n'avons plus de complexe envers la France», dit-il, en ajoutant que «notre pays dispose de toutes ses institutions, administratives et parlementaires, nous avons l'institution militaire qui est debout qui est garante de la sécurité du pays et qui combattra le terrorisme jusqu'à l'éradication définitive». «Nous avons un pays stable, un terrain très favorable pour les investissements étrangers directs et aux partenariats.»