Sale temps pour les musulmans en Europe. En effet, ce qu'on pouvait le plus craindre est arrivé à Londres. Si l'attentat terroriste, dans la nuit de dimanche à lundi, qui a ciblé la foule de fidèles aux abords d'une mosquée du nord de la capitale britannique n'est pas le premier, l'attaque meurtrière de la mosquée de Sainte Foy au Québec ayant ouvert le bal en janvier dernier, son exécution doit soulever les questions les plus pertinentes. Le lieu déjà symbolique à lui seul : la mosquée de Finsbury Park était célèbre, au début des années 2000, pour être le rendez-vous incontournable des militants islamistes de Londres qui venaient écouter les prêches enflammés du prédicateur Abou Hamza. Des lettres de menace avaient été reçues par la direction de la mosquée au lendemain des attentats à Paris en novembre 2015. Le modus operandi : une voiture fonçant sur la foule reproduisant les attaques aux véhicules-béliers revendiquées par Daech un peu partout en Europe, à Londres, Nice, Berlin ou Stockholm. Une sorte de loi du talion qui ouvre grandes les portes aux dépassements les plus excessifs. Une vendetta qui risque de précipiter tout le monde dans une spirale de violence comme voulue par les créateurs de la bannière noire. En distillant la haine de l'islam, assimilé à force d'attentats meurtriers en Angleterre à une religion de terrorisme, Daech a fini par avoir ce qu'elle cherchait. En effet, on ne pouvait que s'attendre à une telle réaction après avoir soumis les Anglais à une série d'attentats sans précédent, comme si le message qu'on voulait faire passer de force est que cet islam que vous défendez est le seul responsable de vos morts à Londres comme à Manchester. Le résultat est là : un mort et une dizaine de blessés, un traitement médiatique nauséabond et une hausse des actes islamophobes. Un contexte lourd caractérisé par un redoublement d'actes racistes. Selon le maire de Londres, les attaques contre les musulmans ont été multipliées par 5 depuis l'attentat du 3 juin et les incidents racistes ont augmenté de 40% dans la capitale. Une fin programmée ailleurs pour un scénario à plusieurs variantes et à différents points géographiques. Cet acharnement contre l'Angleterre, après la France ou l'Allemagne, peut contaminer d'autres pays de l'espace Schengen et il n'est pas à exclure que d'autres attentats, des deux côtés de la légitimité, ne se produisent.