Des centaines de milliers de lyc�ens et �tudiants ont men� jeudi une d�monstration de force contre le gouvernement en manifestant dans la plupart des grandes villes de France contre le contrat-jeunes lors de d�fil�s parfois �maill�s de heurts, comme � Paris. Dans la capitale, la situation a d�g�n�r� pendant plus de deux heures en d�but de soir�e. De violents affrontements ont oppos� jeunes et policiers dans le c�l�bre "Quartier Latin", au c�ur de Paris, pr�s de la prestigieuse universit� de La Sorbonne, symbole de la r�volte �tudiante de mai 1968. Des jeunes, le visage masqu�, ont incendi� un kiosque � journaux et jet� des projectiles sur les forces de l'ordre, qui ont r�pliqu� par des tirs de gaz lacrymog�ne, � S�vres-Babylone. Des incidents ont ensuite �clat� place de La Sorbonne, o� plusieurs centaines de jeunes ont bataill� avec des cocktails Molotov et des fumig�nes. Une librairie a �t� incendi�e, une dizaine de voitures renvers�es ou d�t�rior�es et l'une a br�l�. Les manifestants, qui descellaient des pav�s pour en faire des projectiles, ont finalement recul� face aux canons � eau et � de grosses quantit�s de gaz lacrymog�nes, et apr�s 20H00 GMT, le calme �tait revenu. Des jeunes ont �t� bless�s ainsi qu'au moins 35 policiers, dont neuf ont d� �tre hospitalis�s, selon la pr�fecture de police. Ces heurts sont intervenus � la fin de la manifestation parisienne, qui a r�uni dans l'apr�s-midi 33.000 jeunes selon la police, 120 000 selon les organisateurs. Plusieurs d�fil�s se sont conclus par des incidents, parfois violents, notamment � Rennes (ouest), o� des policiers ont tir� des grenades lacrymog�nes et o� des dizaines de jeunes ont mis le feu � des poubelles et endommag� des v�hicules, � Toulouse (sud-ouest), Montpellier (sud-est) ou Chalon-sur- Sa�ne (est). De Rennes � Marseille (sud-est), de Bordeaux (sud-ouest) � Strasbourg (est), les manifestants ont exig� le retrait du contrat premi�re embauche (CPE), accus� d'imposer la pr�carit� aux jeunes et que rejettent aussi syndicats et partis de gauche. La participation globale aux manifestations �tait nettement plus importante que deux jours plus t�t, lors des pr�c�dentes manifestations d'�tudiants et de lyc�ens. Au total, 247.500 personnes ont d�fil� selon la police, 500.000 selon les organisateurs. Plus de 200 personnes ont �t� interpell�es � travers le pays, dont les trois quarts � Paris. En banlieue parisienne, d'autres heurts ont eu lieu, notamment � Vitry-sur-Seine et au Raincy, o� quatre policiers et une lyc�enne ont �t� l�g�rement bless�s. A Paris �taient venus d�filer de nombreux jeunes des lyc�es de la banlieue, th��tre d'�meutes en novembre dernier. La police avait pour consigne d'interpeller les casseurs, mais de faire preuve de "retenue". Plus des deux tiers des 84 universit�s fran�aises �taient toujours touch�es par le mouvement, gr�ves et blocages des campus. Des dizaines de lyc�es sont d�sormais en proie � la contestation. Les opposants au CPE esp�rent que la mobilisation va culminer aujourd�hui apr�s deux mois de contestation politique, sociale et estudiantine. Les jeunes seront alors rejoints par leurs a�n�s, tous les grands syndicats et dix partis de gauche ayant appel� � descendre dans la rue. Le chef du Parti socialiste (PS, opposition), Fran�ois Hollande, a mis en garde le gouvernement contre le "pari risqu�" d'un "pourrissement" du conflit. Le rejet de ce contrat s'accroit massivement dans l'opinion. 68% des Fran�ais sont favorables � son retrait, soit 13% de plus que le 8 mars, selon un sondage. R�serv� aux moins de 26 ans, le CPE permet � un employeur de licencier pendant deux ans sans avoir � se justifier. Le Premier ministre Dominique de Villepin, dauphin du pr�sident Jacques Chirac pour la pr�sidentielle de 2007, assure que le CPE va permettre de faire baisser le ch�mage qui touche 23% des jeunes, un des plus forts taux en Europe. Sa cote de popularit� d�gringole mais il refuse de c�der � la pression de la rue. "Je suis ouvert au dialogue" pour "am�liorer" le CPE, mais sans revenir sur ce dispositif, a-t-il r�affirm� jeudi, voulant "expliquer" et "convaincre jusqu'au bout". L'issue du conflit reste difficile � pr�dire. L'ampleur de la mobilisation d�aujourd�hui sera sans doute d�terminante. "On attend tous de savoir si dans la rue, dans l'opinion, �a monte ou pas", a expliqu� un ministre au quotidien Le Monde sous couvert de l'anonymat. "Villepin ne reculera pas, il va tenir jusqu'au bout. Et s'il ne tient plus, il est mort".