Les Palestiniens continueront de mourir que cela ne dérange pas grand monde, les Arabes en premier lieu. Ce qui se passe depuis une semaine à l'esplanade des Mosquées à Al Qods, les exactions commises contre les civils palestiniens désarmés, les assassinats froids et calculés, les démolitions de maisons et la construction des colonies n'ont pas fait bouger la Ligue arabe qui vient montrer son bout de nez dans la région. Personne n'est dupe de la montée au créneau du secrétaire général de la Ligue arabe qui vient d'accuser, hier, Israël de «jouer avec le feu» en imposant de nouvelles mesures de sécurité à l'entrée de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem. Déjà que la décision est vieille de quelques jours et que cette mise en garde ne vaut strictement rien dans la logique actuelle des rapports de force. Selon le communiqué d'Ahmed Aboul Gheit, «Al Qods est une ligne rouge. Aucun Arabe ni musulman n'acceptera qu'on porte atteinte» à ses Lieux saints. Puis plus rien. L'annonce est aussi stérile que la politique arabe en direction de la cause palestinienne et comme à ses habitudes, elle n'offre aucune alternative ou option de sortie de crise. La solution peut venir, aujourd'hui, de la réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies à la demande de la France, de la Suède et de l'Egypte. Là aussi, il est question de «désescalade» loin des préoccupations des Palestiniens. La mort de trois colons israéliens et l'escalade de la violence font craindre aux démocraties occidentales et aux régimes arabes une autre Intifada sanglante qui mettrait tout le monde devant le fait accompli. L'Autorité palestinienne n'a surtout pas besoin d'une insurrection civile qui réduirait à néant le peu de crédit que lui donnent les Israéliens. L'enjeu est de taille pour Mahmoud Abbas qui joue sa tête dans ce conflit car il ne fait aucun doute que si les événements dérapent et débouchent sur une nouvelle Intifada, l'homme sera irrémédiablement lâché par ses sponsors. Les Palestiniens se retrouvent de nouveau face aux fusils de Tsahal armés de leur seule foi et de couteaux pour libérer une terre que les Arabes n'ont pas su garder. Les Palestiniens savent que leur seul porte-parole devant le reste du monde est le nombre de leurs linceuls face à l'aphonie du monde arabe.