3.000 opérateurs formels seulement exercent dans le domaine de gestion et traitement des déchets en Algérie. Pourtant, les possibilités et les potentialités pour valoriser ces déchets sont énormes. Notamment quand on sait que le marché de recyclage des déchets peut rapporter 38 milliards de dinars. C'est ce qu'a affirmé Karim Ouamane de l'Agence nationale des déchets (AND), jeudi dernier, lors d'une conférence de presse sur le lancement de la 2e édition du Salon international de la récupération et de la valorisation des déchets «REVADE», prévue du 09 au 12 octobre 2017 au Palais des expositions des Pins maritimes d'Alger. Un salon dédié à la collecte, au tri, au transport, au traitement, à la valorisation et au recyclage des déchets, organisé par la chambre algérienne de commerce et d'industrie (CACI), en collaboration avec l'Agence nationale des déchets et la SAFEX. La directrice générale de la chambre algérienne de commerce et de l'industrie, Mme Ouahiba Behloul, a indiqué que «nous avons un marché de près de 300.000 tonnes par an de déchets spéciaux (pneus, huiles usagées, batteries...) en Algérie, seulement 150.000 tonnes sont valorisées et exploitées, soit 50%». Invités à exprimer leurs préoccupations, opérateurs et experts étaient tous unanimes à affirmer qu'il y a en fait des entreprises qui se sont lancées dans la collecte et le traitement des déchets mais pour eux, l'activité, notamment du recyclage, reste balbutiante. Les raisons, disent-ils, sont liées à l'absence d'industrie dans le domaine du recyclage, la seule capable de traiter les déchets collectés. Un opérateur a affirmé que seul le marché de recyclage est en mesure d'aider les pouvoirs publics à se débarrasser des déchets ménagers ou industriels et améliorer l'environnement. Il a cité l'exemple des métaux ferreux et non ferreux, en affirmant que depuis la création des entreprises de récupération des métaux ferreux, il est devenu rare de trouver un métal dans la nature. D'autres ont estimé que l'industrie du traitement de déchets et de recyclage a besoin de soutien et d'aide de la part des pouvoirs publics, notamment en ses débuts, et particulièrement pour les déchets dangereux dont le traitement exige des moyens technologiques souvent coûteux. Certains évoquent la nécessité de proposer des incitations fiscales capables d'attirer plus d'investisseurs dans la filière du recyclage et de pousser les pollueurs à investir eux-mêmes dans le domaine du recyclage, au lieu de soumettre ces derniers au principe «pollueurs-payeurs» dont l'application reste une chimère. Certains intervenants ont soulevé pour l'occasion l'absence de chiffres exacts et l'information relative aux activités liées à la collecte, le tri, le traitement et le recyclage des déchets. Le directeur général de l'Agence des déchets a affirmé, dans ce sens, que certains opérateurs dans la filière, pour ne pas dire la grande majorité, refusent de s'inscrire et de divulguer des informations concernant leurs activités. Il a précisé que seuls 200 opérateurs sont visibles sur la Bourse des déchets industriels lancée en juin 2015. Pourtant, cette plateforme électronique hébergée au site web de l'AND a été conçue dans l'objectif de mettre en réseau les différents acteurs intervenant dans la valorisation des déchets industriels pour assurer des transactions en la matière.