Estimées à 105,8 milliards de dollars à fin juillet 2017, les réserves de change de l'Algérie pourraient reculer à 97 milliards de dollars à fin décembre 2017, a indiqué hier le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, devant la Commission des finances et du budget de l'APN. Dans le même contexte, le Premier ministre avait indiqué, pour sa part, jeudi dernier devant les parlementaires, que les réserves de change du pays s'étaient établies à 103 milliards de dollars à fin août 2017 et qu'elles devraient reculer à 102 milliards de dollars à fin septembre 2017. Le matelas de devises de l'Algérie était à 114,1 milliards de dollars à fin décembre 2016 contre 144,1 milliards de dollars à fin 2015 alors qu'il plafonnait à 194 milliards de dollars en 2013. Même si on est loin des prévisions pessimistes de la Banque mondiale (BM) qui les estimait à 60 milliards de dollars à l'horizon 2018, on a, par contre, démenti les déclarations du Premier ministre d'alors, Abdelmalek Sellal, qui promettait que ces réserves ne passeraient pas sous la barre des 100 milliards d'ici à 2019. Ce sujet, hautement sensible, avait déjà donné lieu à des réponses assez musclées de l'Algérie aux rapports de la BM ou du Fonds monétaire international (FMI), les Algériens étant partagés entre les chiffres alarmistes des institutions financières mondiales et les projections optimistes et rassurantes de Sellal. En août 2016, la Banque d'Algérie (BA) réagissait vivement au rapport «quelque peu alarmiste» de la BM sur la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) qui situe le montant des réserves de change de l'Algérie, à l'horizon 2018, à 60 milliards de dollars. Dans sa plaidoirie, la BA affirmait que ce matelas sera «nettement supérieur» aux prédictions de la BM «notamment en raison des effets de la consolidation budgétaire et de son impact sur les comptes extérieurs et corrélativement des réserves de change». Dans un communiqué transmis à l'APS, la Banque centrale algérienne précisait que ces projections ne reposaient pas sur des hypothèses probantes en l'absence de données sur les principales hypothèses sur lesquelles se fondent les économistes pour établir ce constat. Dans sa réponse, la BA estimait également que les chiffres de la BM ne prennent pas en compte les évolutions prévisibles des différents indicateurs déterminant l'évolution de ces réserves de change, expliquant que la seule donnée est le prix du pétrole qui devrait osciller entre 41 et 60 dollars entre 2016 et 2018. Pour mettre à mal encore ces chiffres, les Algériens se réfèrent aux dernières prévisions du FMI situant les prix moyens du pétrole à 36,6 dollars le baril en 2016, 42,8 dollars en 2017 et 46 dollars en 2018. La BA, qui repose son argumentaire sur les recettes des hydrocarbures, affirme encore qu'entre 2016 et 2018, une croissance des exportations d'hydrocarbures en valeur est attendue. Cette explication de texte est aussi renforcée par la tendance baissière observée dans les importations, chutant de 11,8% (de 59,7 à 52,7 md USD), en 2015 par rapport à 2014. Une courbe qui s'est poursuivie au premier semestre 2016 avec une diminution de 11,2% par rapport à la même période de 2015. Dans son communiqué optimiste, la BA va plus loin en affirmant que contrairement aux prévisions de l'institution de Bretton Woods, la consolidation budgétaire entamée par le gouvernement algérien à travers son nouveau modèle de croissance, devra faire en sorte que l'Etat «ne dépense pas beaucoup plus qu'il n'a de recettes et devrait donc déboucher vers des déficits parfaitement soutenables, sinon vers un équilibre budgétaire». Comme pour mieux se convaincre, la Banque d'Algérie a comparé les projections du FMI avec ceux de la BM «totalement différentes» notamment en termes de réserves de change qui devront se situer, sur la base des données disponibles à fin juin 2016, à près de 122 milliards de dollars. Dans sa logique, la BA pense que les situer à 60 milliards de dollars en 2018 équivaut à une baisse de 62 milliards de dollars en deux ans, «soit 31 milliards de dollars de déficit annuel moyen du solde global de la balance des paiements. Ce qui paraît totalement improbable». Par ailleurs, le ministre des Finances a annoncé qu'une commission chargée du contrôle et du suivi de la mise en œuvre du financement non conventionnel sera placée auprès du ministère des Finances. M. Raouya a assuré que l'utilisation du financement non conventionnel devrait être «rigoureusement encadrée et soumise à un suivi continu» à travers des critères de performance.