Le ministre des Affaires étrangères a appelé hier la communauté internationale à agir au tarissement des sources de financement du terrorisme comme le paiement des rançons, le crime organisé transnational et le commerce d'armes et de drogue. Cet appel, Abdelkader Messahel l'a lancé hier du Centre International des Conférences, Abdellatif Rahal à Club des Pins, à l'ouest d'Alger, où il a inauguré la première réunion du groupe de travail Afrique de l'Ouest du Forum Mondial de Lutte contre le Terrorisme (GCTF). Groupe que co-président conjointement l'Algérie et le Canada tout autant que le groupe de travail sur le Sahel. «Il y a l'exigence de travailler ensemble au tarissement des multiples sources de financement du terrorisme dans la région de l'Afrique de l'Ouest, sources parmi lesquelles la prise d'otages contre rançons, le crime organisé transnational sous ses différentes formes, l'exploitation aujourd'hui très juteuse des réseaux de migration illégale, d'armes et de drogue -cocaïne, héroïne et surtout haschich-, ainsi que la traite des êtres humains et le blanchiment d'argent.» Sources qui, affirme le MAE, drainent des sommes considérables qui permettent aux groupes terroristes de disposer d'importants moyens financiers pour alimenter, poursuivre et étendre à de nouveaux pays leur activisme criminel. «L'Algérie qui partage avec l'Afrique de l'Ouest de fortes relations historiques, humaines, culturelles, économiques et surtout une puissante conscience de communauté de destin, ne ménagera aucun effort à cette fin,» promet-il. Le chef de la diplomatie avertit la communauté internationale que «le retour des combattants terroristes étrangers (CTE) va s'accentuer en conséquence des défaites militaires enregistrées par les troupes armées de Daech dans les zones de confit en Syrie et en Irak.» Il estime alors qu' «il est urgent que la coopération régionale et internationale privilégie des traitements de cette menace qui combattent et écartent la tentation de repli ou de regroupements de ces terroristes dans les zones qui souffrent le plus de manque de ressources et de capacités institutionnelles pour les combattre.» L'Algérie, note son chef de la diplomatie, continuera «à soutenir la criminalisation par l'ONU du paiement de rançons contre prise d'otage et toutes les actions tendant à l'assèchement des différentes sources de financement du terrorisme.» Messahel évoquera en outre, «la prévention de la radicalisation, matrice dans laquelle, dit-il, naissent et se développent l'extrémisme violent et le terrorisme.» Il estime alors que «pour être efficace, l'action à mener doit intervenir en force en amont par la mise en place de plans de programmes adaptés aux spécificités locales et nationales, doit aussi couvrir tous les secteurs de la vie politique, sociale, économique, culturelle et religieuse, comme elle doit impliquer tous les acteurs publics et privés de la société autour de l'Etat qui doit en garder l'initiative.» Il souligne à cet effet, l'exigence de cibler «les jeunes et les couches socioéconomiques les plus vulnérables car, explique-t-il, les terroristes savent malheureusement exploiter à leur avantage les failles sociales.» Le combat doit être, ajoute-il, renforcé sur les réseaux sociaux et sur Internet, instrument que la propagande terroriste investira davantage à l'avenir face à ses reculs sur le terrain.» Le MAE a mis en évidence «les rôles cruciaux de la femme dans la lutte à la fois contre la radicalisation, l'extrémisme violent et le terrorisme.» Le tout, Messahel a tenu à le placer dans une conjoncture où, dit-il, «la menace terroriste reste forte dans beaucoup de régions du monde et préoccupe toute la communauté internationale qui continue de mobiliser d'importants moyens pour son éradication.» L'Afrique n'y échappe pas. «L'activisme des groupes terroristes élargit malheureusement ses espaces d'action au-delà du Sahel et de la Corne de l'Afrique, il irait bien au-delà s'il n'est pas fermement combattu,» avertit-il encore.
