L'Association algérienne de protection et orientation du consommateur et son environnement (APOCE) a vivement réagi aux dernières mesures prises par le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale concernant la réduction de la nomenclature des médicaments remboursables et la révision de leurs tarifs de référence, qualifiées d'«atteinte» au principe de protection sociale. Dans sa correspondance aux départements de Zemali et de Hasbellaoui, l'APOCE a exprimé «sa profonde indignation» après la publication des deux arrêtés du 29 août 2017, publiés dans le Journal officiel, et qui prévoient une baisse «drastique», selon Me Touati, membre fondateur et conseil juridique de l'Association, du nombre des médicaments remboursables et la réduction de plus de la moitié des tarifs de référence d'un nombre important de médicaments. «Près de 50% des médicaments vont sauter de la nomenclature», estime l'avocat, joint par téléphone par le Quotidien d'Oran. Le communiqué de l'APOCE, présidée par Mustapha Zebdi, indique que cette nouvelle liste portant sur le déremboursement des médicaments «nuit au pouvoir d'achat et à la santé morale et physique du consommateur algérien» rappelant les dispositions de la Constitution qui stipule que «la loi garantit le droit du travailleur à la sécurité sociale». Me Touati trouve anormal qu'en réponse au déficit de la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS), le ministère du Travail se défausse sur les assurés. «L'incapacité des organismes de la sécurité sociale à réaliser un équilibre dans les dépenses et revenus ne peut être réglée par l'affaiblissement du pouvoir d'achat du citoyen et de ses droits consacrés par la Constitution et les chartes internationales», explique le communiqué associatif. Notre interlocuteur dira encore que la situation «est dramatique, car non seulement ils ont réduit le nombre des médicaments remboursables, mais ils ont encore baissé les tarifs de référence des médicaments éligibles au remboursement». En deux mots, et à titre illustratif, un médicament qui coûte 1000 DA et qui était remboursable à hauteur de 50 ou 60% le sera à 30 ou 20% ce qui devra encore précariser la situation désastreuse des patients en termes de remboursement de leurs médicaments et consultations médicales qui ne reflète pas les tarifs «réels» pratiqués. Plus encore, le législateur a limité le remboursement de certains autres médicaments à l'âge, au dosage ou encore à l'origine de la prescription. Pour Me Touati, il est clair que par cette action, le gouvernement veut combler le déficit de la CNAS alors que l'APOCE souligne que cette démarche «doit être le dernier moyen auquel l'Etat recourt par obligation et provisoirement, en attendant de trouver d'autres solutions stratégiques». Au-delà du constat alarmiste, l'Association appelle tous les acteurs de la société civile concernés et les opérateurs du secteur pharmaceutique et médical à lancer un dialogue sérieux et constructif pour régler cette situation avec la tutelle dans le sens de l'intérêt public et du consommateur algérien. «Nous devons sortir avec une requête commune à adresser au ministre du Travail et au Premier ministre pour initier un débat sérieux sur la question et trouver une solution pour équilibrer le budget de la Sécurité sociale», analyse encore Me Touati. Rappelons qu'en octobre dernier, le directeur général de la Sécurité sociale au ministère du Travail, Djaouad Bourkaïb, avait indiqué que le système de sécurité sociale en Algérie est à l'équilibre, dont la CNAS, reconnaissant que «seule la branche retraite connaît des difficultés financières pour des raisons universelles, dont la démographie ou la conjoncture économique mondiale».