Si le commerce extérieur du pays a connu une forte réduction de son déficit en 2017 grâce, notamment, au redressement des cours pétroliers et son impact positif sur les exportations du brut, les importations, elles, restent significatives, malgré les mesures prises par le gouvernement avec l'élargissement des contingents quantitatifs et l'instauration de mesures bancaires. Le dossier des importations reste l'un des plus insolubles pour l'Etat puisque on est loin de l'objectif tracé pour 2017 qui tendait à réduire la facture à 30 milliards de dollars. Ainsi les prévisions de Benmeradi, le ministre du Commerce qui avait annoncé de nouvelles mesures visant à réduire, davantage, cette facture, la ramenant de 40 à 41 milliards de dollars, en 2017 à 30 milliards de dollars en 2018 sont battues en brèche par d'autant plus que les importations n'ont reculé que d'un peu plus d'un milliard de dollars par rapport à 2016 devant terminer cette année autour des 45 milliards de dollars. Une situation rendue plus problématique par le déficit de plus de 11 milliards de dollars, enregistré dans la balance de paiements, au 1er semestre 2017. Le Gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal, avait indiqué que le solde global de la balance de paiements a affiché un déficit de 11,06 mds usd contre 14,61 mds usd, au même semestre de 2016 et 11,42 mds usd de déficit enregistré dans la seconde moitié de l'année dernière. Ces deux tendances ont engendré une forte érosion des réserves de change qui devraient clôturer l'année à 97 mds usd, contre 114 mds usd à fin 2016. A propos de ces réserves de change, le Gouverneur de la Banque centrale avait noté qu'elles se sont contractées de 7,846 mds usd, passant de 114,138 mds usd, à fin décembre 2016 à 106,292 mds usd à fin juin 2017. Un recul lié avec l'évolution défavorable de la balance des paiements extérieurs, au 1er semestre 2017. Rappelons que, selon les déclarations du ministre des Finances, les réserves de change de l'Algérie devraient baisser à 85,2 mds usd, à fin décembre 2018. Intervenant devant la Commission des finances et du budget de l'APN, Abderrahmane Raouya avait estimé ces mêmes réserves à 97 mds de usd, à fin décembre 2017, précisant que ce matelas équivaut à 18,8 mois d'importations, en 2018. Des réserves qui devront continuer à reculer à 79,7 mds usd, en 2019, soit 18,4 mois d'importations, avant d'atteindre les 76,2 mds usd en 2020 (17,8 mois d'importations). Pour rappel, le matelas de devises de l'Algérie était à 114,1 mds usd, à fin décembre 2016 contre 144,1 mds usd à fin 2015, alors qu'il plafonnait à 194 milliards de dollars, en 2013. Par ailleurs, et après avoir concerné les véhicules, le ciment et le rond à béton, en 2016, les licences d'importations se sont élargies à 21 autres produits industriels et agricoles concernant notamment l'électroménager, les téléphones mobiles, les cosmétiques, les viandes bovines fraîches ou réfrigérées Une liste fortement élargie à 1.000 produits, selon le Premier ministre, relevant de 45 catégories de marchandises, à partir de 2018, et concernant, essentiellement, les fruits secs et fruits frais (à l'exception des bananes), légumes frais (sauf l'ail), viandes (à l'exception des viandes bovines), thon, dérivés du maïs, bonbons et chocolats, pâtes alimentaires, confitures et fruits conservés, eaux minérales, ciment, produits hygiéniques, marbre et granite, glaces et verres, moissonneuses-batteuses, articles de robinetterie En parallèle, et, depuis le début de 2017, la Banque d'Algérie a mis en place, successivement, plusieurs dispositifs d'encadrement du commerce extérieur pour encadrer, davantage, les importations. Il a, ainsi, été demandé aux banques de suspendre toute domiciliation bancaire pour les opérations d'importations des agrumes et des légumes frais, et de geler toute domiciliation d'importation de véhicules par les entreprises pour propre compte, sachant qu'aucune licence d'importation des véhicules n'a été octroyée en 2017. D'autre part, la Banque centrale a mis en place de nouvelles dispositions rendant obligatoire la domiciliation de toutes les importations, relevant de la revente en l'état, préalablement, à toute expédition des marchandises à destination du territoire douanier algérien. Elle a, aussi, exigé de l'importateur de constituer une provision financière préalable, couvrant 120% du montant de l'importation, au moment de la domiciliation, devant intervenir, au moins 30 jours, avant l'expédition des marchandises. Outre le gros volume des marchandises importées, la facture d'importation est également la victime de surfacturation des achats effectués à l'extérieur. Ainsi, chaque année, les services de douanes enregistrent une moyenne de 400 à 500 contentieux, dans le cadre de la lutte contre la surfacturation alors que le montant des infractions de change, mises au jour par les douanes, sont évaluées à plusieurs dizaines de millions de dollars dont la majorité est commise lors d'opérations du commerce extérieur. Elles sont souvent le fruit de majoration de la valeur en douane déclarée à l'importation (surfacturation), la minoration de la valeur en douane déclarée lorsqu'il s'agit d'opérations d'exportations et le non rapatriement des montants en devises de marchandises exportées. A ce propos, l'Algérie a engagé des négociations avec Bruxelles et la Chine, plus gros fournisseurs du pays, dans le cadre de la lutte contre la surfacturation. Un projet est en cours d'élaboration à travers lequel l'Algérie a demandé à l'UE de mettre à la disposition des Douanes algériennes les données relatives aux valeurs des produits qui sont importés auprès de l'Europe afin de contrecarrer la surfacturation. Un projet d'accord d'assistance mutuelle et administrative avec la Chine est également en négociation.