L'Algérie a enregistré un déficit de plus de 11 milliards de dollars (mds usd) au premier semestre 2017, a indiqué le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal, dans un entretien accordé à l'APS. Le solde global de la balance des paiements a ainsi affiché un déficit de 11,06 mds usd contre 14,61 mds usd au même semestre de 2016 et 11,42 mds usd de déficit enregistré dans la seconde moitié de l'année dernière. La balance des paiements étant le flux de biens (commerce extérieur des marchandises), de services, de revenus, de transferts de capitaux ainsi que les flux financiers réalisés entre l'Algérie (Etat, entreprises, particuliers) et le reste du monde. En deux mots, c'est l'ensemble des entrées et sorties de devises entre l'Algérie et les autres pays. A propos des réserves de change, le gouverneur de la Banque centrale indique qu'elles se sont contractées de 7,846 mds usd, passant de 114,138 mds usd à fin décembre 2016 à 106,292 mds usd à fin juin 2017. Un recul lié à l'évolution défavorable de la balance des paiements extérieurs au premier semestre 2017. Rappelons que, selon les déclarations du ministre des Finances, les réserves de change de l'Algérie devraient baisser à 85,2 mds usd à fin décembre 2018. Intervenant devant la Commission des finances et du budget de l'APN, Abderrahmane Raouya avait estimées ces mêmes réserves à 97 milliards de dollars à fin décembre 2017, précisant que ce matelas équivaut à 18,8 mois d'importations en 2018. Des réserves qui devront continuer à reculer à 79,7 mds usd en 2019, soit 18,4 mois d'importations avant d'atteindre les 76,2 mds usd en 2020 (17,8 mois d'importations). Pour rappel, le matelas de devises de l'Algérie était à 114,1 mds usd à fin décembre 2016 contre 144,1 mds usd à fin 2015 alors qu'il plafonnait à 194 milliards de dollars en 2013. Mohamed Loukal a assuré que cette contraction des réserves de change est inférieure au déficit du solde global de la balance des paiements «en raison de l'effet de valorisation positif de près de 3,96 mds usd résultant de l'appréciation de l'euro vis-à-vis du dollar sur cette période». Pour lui, le niveau des réserves de change de l'Algérie demeure «encore appréciable et adéquat», notamment au regard de l'encours très faible de la dette extérieure totale (3,962 mds usd). Mais il tient à prévenir que des efforts supplémentaires sont exigés «pour réduire l'absorption et/ou augmenter l'offre domestique de biens pour assurer la viabilité, à moyen terme, de la balance des paiements et limiter l'érosion des réserves officielles de change». Des dispositions qui répondent aux perspectives des prix des hydrocarbures «proches de leurs niveaux actuels» et du déficit encore élevé des comptes extérieurs. A ce propos, et par catégories, le déficit de la balance commerciale s'est élevé à 7,82 mds usd, durant la même période de référence contre 12,05 mds usd au même semestre de 2016 et 8,08 mds usd au second semestre 2016. Quant au poste Services hors revenus des facteurs (qui se compose notamment des prestations techniques assurées par les étrangers en Algérie, du transport assuré par les armateurs étrangers et les assurances à l'international), le déficit s'est creusé à 4,47 mds usd au 1er semestre 2017 contre 3,84 mds usd au même semestre de 2016 et 3,5 mds usd au second semestre 2016). Le gouverneur de la Banque centrale explique cette hausse du déficit principalement par la hausse des importations des services construction, notamment ceux liés aux infrastructures autoroutières. Concernant le poste Revenus des facteurs (qui comprend, entre autres, les bénéfices rapatriés vers l'extérieur par les entreprises étrangères activant en Algérie, les bénéfices réalisés par les sociétés algériennes à l'étranger...), le déficit a diminué à 1,23 mds usd contre 1,31 mds de dollars au 2e semestre 2016, en raison principalement de la hausse des revenus perçus sur les réserves de change (hausse des taux d'intérêt et plus-values de cession de titres). Ainsi, le déficit du compte courant de la balance des paiements s'est accru de 5,1% au 1er semestre de 2017 pour s'élever à 12,03 mds usd, précise la même source, en raison du creusement du déficit du poste Services hors revenus des facteurs. Quant au solde du compte capital et opérations financières, il a affiché un excédent de 0,971 mds de dollars (contre un excédent de 0,15 milliard au 1er semestre 2016). Interrogé sur la tendance des cours de change du dinar, Loukal observe qu'en moyenne semestrielle, le dinar s'est légèrement déprécié face au dollar de 1,29% au second semestre de 2016 par rapport au premier semestre 2016 et s'est légèrement apprécié de 0,61% au 1er semestre 2017, comparativement au 2e semestre 2016. Concernant le déficit budgétaire, il est estimé à 254,5 milliards de DA (384,1 milliards de DA pour le solde global du Trésor) contre 1.783,7 milliards de DA au 1er semestre de 2016 (1.769 milliards de DA pour le solde global du Trésor). Un recul dû à la conjugaison de la hausse des recettes hors hydrocarbures de 1.067,4 milliards de DA (+74,5%) et, dans une moindre mesure, des recettes des hydrocarbures (hausse de 238,2 milliards de DA) au 1er semestre 2017 et la baisse des dépenses publiques de 223,8 milliards de DA (-5,5%). Par ailleurs, Loukal a précisé que les recettes hors hydrocarbures à juin 2016 n'incluaient pas encore les 610 milliards de DA de dividendes versés par la Banque d'Algérie alors que celles versées en 2017 sont comptabilisées dans ces recettes à juin 2017. En outre, comme il était prévisible, ajoute-t-il, le Fonds de régulation des recettes (FRR), dont l'encours s'élevait à 740 milliards DA à fin décembre 2016, a été totalement épuisé au 1er semestre 2017. Concernant l'inflation, le gouverneur de la Banque d'Algérie constate que son rythme annuel moyen, qui s'était accéléré durant 12 mois consécutifs jusqu'à mars 2017 (7,07%), s'est légèrement ralenti au 2e trimestre 2017 pour atteindre 6,55% à fin juin 2017.