Dans la directive présidentielle dont le gouvernement a été destinataire relative à la charte du partenariat public-privé (PPP) signée par lui, le FCE et l'UGTA, il n'a été nullement question de l'annulation de celle-ci. La note se limite en effet à faire injonction à l'exécutif de soumettre à l'approbation présidentielle toute opération d'ouverture de capital d'entreprises publiques à laquelle viendrait à donner lieu la mise en œuvre de cette charte. Il est par conséquent inexact d'avancer que le Premier ministre qui est à l'initiative du PPP s'est vu infliger un désaveu qui serait annonciateur de sa proche disgrâce. Toutefois Ouyahia a dû certainement être secoué à la lecture de la directive présidentielle car elle est révélatrice que le chef de l'Etat est dans la méfiance de ce à quoi pourrait donner lieu la précipitation hors contrôle dans la mise en œuvre du processus préconisé par la charte. En clair, bien qu'elle ne désavoue pas son initiative, elle lui signifie un recadrage au sous-entendu tout de même portant : à savoir qu'une ouverture de capital public sans l'aval présidentiel pourrait engendrer une privatisation sauvage menant au bradage des entreprises publiques. Ce dont Bouteflika n'en veut pas non pas parce qu'il est réfractaire à l'option des privatisations mais parce qu'il en redoute les conséquences au plan social en vue de l'échéance électorale de 2019. La directive présidentielle démontre clairement que Bouteflika et son proche entourage ont été à l'écoute des réactions suscitées par la signature de la charte du partenariat public-privé exprimant en majorité l'option qu'elle préfigure le démantèlement du secteur public au profit du monde des affaires qui a pressé le gouvernement à l'élaborer et à en faire la pierre angulaire de son plan économique. Le recadrage fait par Bouteflika quant à l'application des dispositions prévues dans la charte est destiné à faire prévaloir l'impératif temps dont il est seul juge que l'opération d'ouverture du capital public doit respecter. Il est l'indice également que le chef de l'Etat n'a pas renoncé à se porter candidat pour un cinquième mandat en 2019 et se pose dans cette perspective comme étant le garant contre le bradage économique que des cercles dont celui d'Ouyahia en font la panacée à la crise économique du pays. Ouyahia ne connaîtra probablement pas à brève échéance le sort de son prédécesseur Abdelmadjid Tebboune. Il se sait néanmoins sous haute surveillance et donc en devoir d'imprimer la transparence et la régularité à toute opération éventuelle d'ouverture de capital public. Ce qui n'est probablement pas ce qu'en attendaient de lui les milieux qui l'ont incité à endosser l'élaboration de la charte sur le PPP. Bouteflika l'a certes laissé faire s'agissant de cette option, mais il a repris la main avec sa directive pour ne pas lui permettre par son application de faire des éventuels bénéficiaires et du monde des affaires ses obligés.