Le soutien du FLN et de ses partenaires à un 5e mandat du chef de l'Etat ne souffre l'ombre d'aucun doute. La réunion convoquée hier par le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Djamel Ould Abbes, et qui a regroupé le SG de la Centrale syndicale (Ugta), Abdelmadjid Sidi-Saïd, le chef du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Ali Haddad, et le patron de la Confédération du patronat algérien, Boualem M'rakach, a été sanctionné par un appel au président Abdelaziz Bouteflika à poursuivre ses missions, autrement dit à postuler pour un cinquième mandat. "Excellence Monsieur le président de la République, nous vous souhaitons la réussite dans l'accomplissement de vos missions élevées et nobles et la poursuite de la gouvernance du processus de la construction et de la réalisation pour notre chère Algérie et son peuple", est-il écrit dans une motion de soutien à Bouteflika, lue au nom des participants au conclave d'Hydra. Une motion qui, en fait, couronne les interventions des convives de Djamel Ould Abbes qui, tous, ont adressé des messages de remerciements au chef de l'Etat. En effet, les discours respectifs de Sidi-Saïd et d'Ali Hadad n'ont pas tari d'éloges à son égard. C'était là l'objet véritable de la réunion, même si gêner l'action du Premier ministre y a également une grande place. Quoique s'en défende Ould Abbes qui a feint de corriger ses récentes positions exprimées sur le partenariat public-privé (PPP), mais aussi ses attaques proférées contre Ouyahia. Ceci, pour la simple et unique raison qu'il est le Premier ministre choisi par le président Bouteflika. "Contrairement à ce qu'a écrit une certaine presse, le FLN n'est pas contre la charte pour le PPP. Aussi, le FLN n'est pas contre Ouyahia qui reste un Premier ministre désigné par le président Bouteflika. Au FLN, les décisions de Bouteflika sont indiscutables, donc le choix d'Ouyahia aussi", s'est efforcé d'expliquer Ould Abbes qui, néanmoins, ne s'empêche pas d'affirmer que "le FLN est incontournable dans le panorama politique. Le FLN compte au moins 10 000 élus locaux et est présents à travers l'ensemble des communes du pays, mais aussi dans la mémoire du peuple. Voilà pourquoi, il faut qu'on dialogue avec vous, l'Ugta et le FCE, sur les questions qui concernent l'intérêt du pays, dont le PPP conçu par le président Bouteflika pour relancer l'économie nationale". Il a également félicité ses invités du jour pour avoir participer à l'élaboration, même avec Ouyahia, de cette charte portant sur le PPP. Pour Ould Abbes, le FLN est aussi "les yeux de l'Etat". D'où réclamait-il, implicitement, cette sorte de droit de regard y compris sur ce que décide le gouvernement. Ceci, quand bien même il ne voudrait pas s'opposer au PPP. "Le FLN est tout à fait d'accord avec ce qui a été décidé lors de la dernière tripartite concernant le PPP. Le FLN soutient le privé qui reste un partenaire complémentaire et incontournable du secteur public", s'est-il défendu. Ould Abbes, qui se réclame défenseur d'un partenariat (privé-public) "gagnant-gagnant", estime que le PPP n'est pas fait pour encourager la privatisation des entreprises publiques. "Il n'est pas question de privatisation du secteur public, mais d'un partenariat qui permettra de sauver le secteur public par un financement assumé du secteur privé dans un cadre de contractualisation et d'association (...) Mais aussi avec transparence et responsabilité afin de permettre une bonne gestion des biens publics." Les mêmes arguments seront quasiment mis en avant successivement par Sidi-Saïd et Haddad qui se réclament également du cercle présidentiel. Mais alors, pourquoi signer une déclaration commune entre le FLN, l'Ugta et le FCE, alors que le PPP est formellement paraphé par le gouvernement et ses partenaires ? À quel titre Ould Abbes, qui n'est qu'un chef de parti, refait-il la tripartite ? Là est toute la question. Le SG du FLN, qui a tenté de cacher son jeu véritable, n'a, en fait, fait que le trahir. Qu'on en juge. "Il y a certains qui magouillent pour faire diversion sur leurs ambitions inavouées. Notre message est clair", a-t-il soutenu. Et d'ajouter : "Ceux qui cherchent à faire diversion pour tromper l'opinion ne sont que des trompettes mal embouchées." À l'évidence, la diversion, ce n'est pas le fort d'Ould Abbes. Pas besoin d'explication de texte, tout le monde aura compris. Farid Abdeladim