La secrétaire générale du Parti des Travailleurs, Louisa Hanoune, a estimé que l'instruction du président de la République, obligeant le gouvernement à soumettre à son approbation toute opération d'ouverture du capital ou cession d'actifs des entreprises publiques économiques (EPE), n'est pas un simple gel, mais une décision qui est venue stopper «l'amorce de la liquidation du secteur public». Intervenant hier, lors de l'ouverture de la réunion du bureau politique, au siège de son parti à Alger, Louisa Hanoune a ainsi contredit le Premier ministre Ahmed Ouyahia et certaines voix ayant affirmé que «le président n'a pas stoppé la privatisation mais qu'il a juste rappelé qu'il fallait demander son avis». Si cela était vrai, dit-t-elle, il n'y aurait pas eu de communiqué de la présidence de la République, ni sur le secteur des véhicules ni sur la Charte de partenariat sociétaire privé-public, le fameux PPP, plutôt la «privatisation, pillage, prédation», selon Louisa Hanoune. Le président, affirme-t-elle, se serait contenté d'une directive verbale ou bien d'une directive interne, et non pas d'un communiqué public. Elle insiste en affirmant que le président de la République a stoppé l'amorce de la liquidation du secteur public. Et donc, il s'est dressé, par ricochet, contre les appétits voraces des uns et des autres, «notamment les décisions du Conseil des participations de l'Etat (CPE) qui ont pensé à sélectionner des hôtels, parmi les plus importants, l'Hôtel «El Djazair», et l'Hôtel «les Sables d'or» qui ont été déjà rénovés. Et de poursuivre «ils ont même visé Air Algérie, et Cosider, ainsi que la Sonelgaz». Et bien évidement, dit-elle, avec pour conséquence la liquidation massive des emplois alors que le chômage s'aggrave d'une façon dangereuse. Louisa Hanoune a affirmé que son parti soutient toute décision positive, même si elle est partielle, mais pour elle «ce n'est pas suffisant, car il n'y a pas une privatisation positive et une privatisation négative, ni en Algérie, ni ailleurs». Elle a, dans ce sens, lancé un appel au président de la République pour l'abrogation de l'ordonnance 01-04 relative à la privatisation des entreprises publiques économiques et la dissolution du CPE, qui agit, selon ses propos, comme un gouvernement parallèle clandestin. Elle plaide pour que les EPE soient sous la responsabilité des ministres pour assurer une certaine transparence. Pour Louisa Hanoune, l'Etat n'est pas du tout obligé de mettre à la disposition du secteur privé tous les moyens sans contrepartie. Sachant que dans la plupart des cas, atteste-t-elle, les travailleurs du secteur privé ne sont même pas déclarés aux services de la CNAS. Ce qui constitue, selon la SG du Parti des Travailleurs, un véritable danger pour la CNAS et la caisse des retraites. Elle a affirmé que le privé ou les opérateurs privés qui veulent investir dans leur pays n'ont qu'à investir leur capital, ne serait-ce qu'une partie de leur manne financière. Et de lancer «ils n'ont qu'à créer de nouvelles usines, et qu'ils prennent des risques, comme le font les capitalistes». Elle affirme que le sauvetage de notre pays exige l'arrêt de cette politique «car on ne peut pas créer une bourgeoisie nationale au sens traditionnelle, à coup de fonds et biens publics bradés». Et de souligner que le sauvetage de notre pays exige un minimum d'équité en matière d'impôt. «Au lieu que le gouvernement cède les entreprises publiques aux patrons privés, le gouvernement est appelé à préparer en urgence la loi de finances complémentaire 2018, pour introduire l'impôt sur la fortune et réintégrer la TAP de 2 %», dit-elle. Elle a également demandé que les 400 milliards de Da consacrés dans la LF2018, à la réévaluation de projets, pour ne pas dire, dit-elle, à «la surévaluation des projets», soient consacrés aux augmentations des salaires et des primes. Et ce, pour relancer la consommation afin de faire sortir notre pays de la récession mortelle. Louisa Hanoune est revenue sur la question du gel de la décision du Premier ministre, concernant la construction automobile, car selon elle «la décision d'Ouyahia était étrange et en contradiction flagrante avec l'arrêté qu'il a lui-même signé». Elle rappelle que l'arrêté en question fixait les critères qui donnent le droit aux constructeurs d'acquérir une autorisation pour la construction automobile, sans fixer au préalable le nombre des autorisations». Et de s'interroger «sur quelle base a-t-il décidé de donner des autorisations à cinq constructeurs ?». Ce qui a poussé, selon la SG du PT, le président à intervenir pour geler ladite décision et ce «dérapage». Croyant toujours à la lucidité du président de la République, la SG du PT a lancé un autre appel, exhortant le président Bouteflika à intervenir pour répondre aux revendications «légitimes» des retraités de l'armée et de libérer les personnes arrêtées. Louisa Hanoune a également appelé à la satisfaction des revendications des médecins résidents. Jusqu'à la fin de son discours, Louisa hanoune n'a pas été, du tout, tendre avec Ahmed Ouyahia, en précisant «c'est très surprenant d'entendre le Premier ministre dire qu'il ne sait toujours pas pourquoi nos jeunes préfèrent El Harga». Sachant dit-elle, que les choses sont bien connues et ce phénomène est le résultat de la politique de prédation et d'austérité sauvage, de la «Hogra» et de l'absence d'horizons pour une jeunesse pleine d'énergie. Louisa Hanoune a imputé la responsabilité de ce phénomène à tous ceux qui ont opté pour ces politiques d'austérité sauvage et la politique de prédation, à leur tête «le Premier ministre, Ahmed Ouyahia».