Plus de 17.000 Algériens sont détenus en Europe pour «immigration clandestine», selon la ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH). «L'immigration clandestine a atteint ces dernières années une proportion inquiétante, ces Algériens, qui risquaient leur vie dans des embarcations de fortune et de la mort en direction de l'autre rive de la Méditerranée, surtout que cela génère désormais, quasi quotidiennement, des drames en Méditerranée», indique la LADDH dans un communiqué qui qualifie «d'holocauste moderne» les victimes décédées en mer. La Ligue algérienne de défense des droits de l'homme indique en effet que du 1 janvier 2017 au 31 décembre 2017, la LADDH a recensé plus 3 109 tentatives d'émigration clandestine qui avaient été déjouées par les garde-côtes algériens sur le littoral de 1 200 km de longueur. «Ces jeunes fuyaient le chômage dont le taux enregistré dépasse les 35% et la dégradation de leur niveau de vie aussi», ajoute la même source qui souligne que «seuls 10% d'Algériens détiennent 80% des ressources du pays, une situation très inquiétante et qui confirme que les différences s'agrandissent entre les classes du peuple de façon inédite dans l'histoire de l'Algérie». La LADDH explique en outre que les chiffres avancés, 3 109 tentatives d'émigration dont 189 femmes, 839 mineurs accompagnés ou bien non accompagnés, ne reflèteraient pas malheureusement la réalité, puisqu'il s'agit uniquement des harraga qui ont été arrêtés, sans tenir compte de ceux qui sont morts noyés en mer lors de leur fatale aventure et qui n'ont jamais été repêchés à ce jour. « C'est le cas aussi de ceux qui ont pu atteindre leur objectif en arrivant sur les côtes espagnoles ou italiennes. Aucune information officielle, ni encore un chiffre ne sont, pour le moment, disponibles à propos de ces harraga», ajoute le communiqué qui note que selon l'enquête de la LADDH, plus de 17 500 Algériens sont détenus en Europe que ce soit dans les prisons ou dans les centres de rétention. «Face à l'urgence de ce fléau et au nombre de victimes, la LADDH prévoit de mettre en place des actions luttant contre l'émigration illégale à travers des campagnes de sensibilisation des populations concernées sur les menaces et les dangers de cette pratique et en encourageant des activités génératrices de revenus pour lutter contre le chômage et la précarité, dans un but de vivre en dignité et sauver des vies, ainsi que sauvegarder la richesse humaine», souligne également la même source qui indique que la LADDH est convaincue que ce phénomène en Méditerranée ne trouvera pas de solution avant l'instauration d'un dialogue ouvert avec une coopération économique équitable entre les pays des deux rives ( nord-sud ). «Il faut faire un pas décisif pour la lutte contre les vraies causes de la migration clandestine et non seulement sécuritaires», note également le communiqué qui soutient que le vrai crime n'est pas l'immigration clandestine de tous ces innocents si jeunes, morts en voulant vivre dignement. Tous les textes répressifs mis en place ne peuvent dissuader ces milliers de jeunes de se rendre de l'autre côté de la rive de la Méditerranée, explique encore la LADDH qui dénonce par ailleurs une «politique migratoire occidentale obsolète, devenue criminogène».