Tout en reconnaissant la légitimité et la possibilité de répondre aux 24 revendications des médecins résidents, l'association nationale des patriciens hospitalo-universitaires (ANPHU) a dénoncé, cependant, «l'implication intrigante» du Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (SNECHU) dans le bras de fer qui oppose les résidents au ministère de la Santé. Lors d'une conférence de presse tenue hier à l'esplanade de l'hôtel Sofitel, au moment même de la tenue du rassemblement et de la marche improvisée des médecins résidents, le président de l'Anphu, le professeur Madjid Bessaha, a défendu le ministre de la Santé, Mokhtar Hasbellaoui. Il a affirmé que les revendications et le malaise des médecins résidents ne concernent pas exclusivement le ministre de la Santé, mais surtout le ministre de l'Enseignement supérieur et celui du Travail. Tout en exprimant son inquiétude et celle de ses confrères sur ce mouvement de protestation qui entame son quatrième mois, le conférencier a appelé les parties prenantes à une solidarité ministérielle pour la résolution en urgence de cette crise qui est déjà «dans une situation de pourrissement». Et d'affirmer, «l'on cite seulement le ministre de la Santé, Mokhtar Hasbellaoui, et on n'évoque pas le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, alors que le médecin résident est un fonctionnaire en poste-graduation. Il a également interpellé le ministre du Travail pour se conformer à la loi, en vérifiant et contrôlant les adhérents des syndicats. «Il ne suffit pas d'octroyer des agréments et lâcher les syndicats dans la nature sans aucun contrôle», dira-t-il avant de conclure «si le ministère du Travail veillait au contrôle et à l'éthique de l'exercice syndical, on n'aurait jamais à recourir à la justice». Avec des accusations à peines voilées, le président de l'association a affirmé qu'on a déjà mis fin aux fonctions de chefs de service d'une façon «humiliante». Et de poursuivre, «des professeurs formés à 100 % en Algérie et qui ont donné le meilleur d'eux- mêmes ont été humiliés et aujourd'hui, c'est au tour de la jeunesse médicale au niveau de laquelle des choses se jouent». Et de s'interroger, «qui tire profit de ce marasme et de ces humiliations ?» Le conférencier a affirmé qu'il faut comprendre la genèse de ce mouvement de protestation des médecins résidents. Il dira que tout a commencé le 25 septembre 2017, quand le Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo universitaires (SNECHU) a appelé à un sit-in en coordination avec les résidents en sciences médicales à l'hôpital Mustapha. Une protestation qui avait pour but de dénoncer la campagne de dénigrement contre le personnel de la santé. Et de poursuivre, un mois après «ceux qui étaient à l'origine de l'humiliation de nos aînés, ledit syndicat a appelé au boycott du résidanat, empêchant nos jeunes d'accéder au concours». Et de poursuivre, «ils n'ont même pas laissé un délai de grâce au ministre de la Santé Mokhtar Hasbellaoui, fraîchement installé, pourtant c'est un homme du secteur qui est serein et compétent». Le conférencier enchaîne en affirmant que les résidents décrètent ensuite une journée de grève, toujours sous couvert du Snechu. Puis, ils passent, le 18 décembre 2017, à une grève de trois jours par semaine. Et depuis, le sit-in du 3 janvier, qui a été suivi par des incidents suite à une confrontation avec la police et le boycott du Dems sous couvert toujours du Snechu, on a carrément abouti à l'impasse, ajoute-t-il. Les membres de l'association se disent aussi intrigués par le fait que ce syndicat, le Snechu, est omniprésent «il est dans les négociations, dans l'administration, dans les directions des hôpitaux, dans les comités pédagogiques, il est partout et il se trouve derrière les grévistes !». Le Pr Bessaha poursuit «ces jeunes talentueux, leur mouvement si organisé mérite du respect, ils ont un degré et un niveau intellectuel inouï, lire les 67 pages comportant les revendications vous laisse perplexe». Il revient pour dire «que les 67 pages résumant les 24 revendications sont tout à fait réalisables», reconnaissant qu'il faut réellement opter pour des mesures incitatives pour le service civil et donner les moyens à la crème de notre jeunesse. Le Professeur Sahnoun, membre de l'association, affirme «notre jeunesse doit être écoutée, le service civil n'a pas donné de résultat». Et d'enchaîner, «arrêtons cette cécité politique, car seules des mesures incitatives vont résoudre ce cumul de problèmes, pour le bien du malade et le bien du personnel médical». Et de conclure, «car le seul critère pour évaluer la bonne santé d'un système de santé, selon l'Oms, est la satisfaction exprimée par les malades, et ce n'est ni la cravate du chef de service ni même les déclarations des officiels et le ministre». Le Pr Sahnoun a plaidé, par ailleurs, pour une retraite à 80 % pour les chefs de service et professeurs au lieu de 55 %, «on veut une retraite au même titre que les cadres de l'Etat» dira-t-il.